S’il est bien difficile de désigner un gagnant dans ces élections régionales à l’échelon national, tant il apparaît que chaque camp a perdu des plumes dans la bataille hier soir, en Aquitaine Limousin Poitou-Charentes les choses sont assez claires : arrivé en tête dans les 12 départements de la nouvelle région, devançant sa rivale de 10 points et bénéficiant à plein d’une participation en hausse, le socialiste Alain Rousset avait de quoi sourire hier soir.

Rousset haut la main
Avec 44,27% des suffrages, sa liste PS-EELV (la fusion avec les écologistes est intervenue entre les deux tours) décroche 107 sièges sur 183 dans la nouvelle assemblée, soit une majorité confortable. Il devra toutefois ménager ses alliés écologistes, à qui il a notamment promis la fin des financements de la Région pour les projets de ligne ferroviaire à grande vitesse. Au rayon des satisfecits, le président sortant de la région Aquitaine peut en tout cas se réjouir d’avoir bénéficié des reports de voix de gauche et sans doute d’une bonne proportion des votes de ceux qui s’étaient abstenus dimanche dernier. Et d’avoir décroché tous les départements de la région, ainsi que certains secteurs symboliques : c’est lui qui arrive très largement en tête à Bordeaux avec 49,5% des voix, devançant nettement l’adjointe du maire Alain Juppé (40,4%). Un bémol tout de même : sn résultat d’hier est bien loin des 56% obtenus en 2010 face à Xavier Darcos.

Calmels à la peine
Virginie Calmels, qui a fait une campagne accrocheuse, multipliant les attaques sur le bilan du président sortant, n’a pas réussi à convaincre, même sil elle soulignait hier soir la progression de son résultat par rapport à 2010 (28%). Elle perd du terrain sur Rousset par rapport au premier tour et enregistre quelques revers qui semblent remettre en cause sa stratégie d’entre-deux-tours. Dimanche dernier, elle avait en effet appelé les électeurs du Front National à voter pour elle afin de faire barrage à la gauche. Un appel du pied qui a peut-être déplu à l’électorat centriste et de la droite modérée : dans les Pyrénées-Atlantiques, et même à Pau – fief de François Bayrou – c’est Alain Rousset qui est arrivé en tête hier soir comme à Bordeaux. Dans la nouvelle assemblée, son groupe d’union de la droite et du centre disposera de 47 élus, mais aura peut-être du mal à parler d’une seule voix tout au long du mandat.

Colombier en progrès
Quant au Front National, s’il a enregistré hier soir un score en recul par rapport à celui obtenu dans la région dimanche dernier, sa tête de liste a tout de même quelques éléments de satisfaction ce matin : d’abord une forte progression par rapport aux élections précédentes, qui se traduit par un groupe de 29 élus au Conseil régional. Mais aussi, masqué par son recul en pourcentage, une progression du nombre total de voix obtenu à l’échelon régional au second tour par rapport au premier. Une partie des abstentionnistes de dimanche dernier s’est donc aussi mobilisée en faveur du FN. En revanche, l’appel de Virginie Calmels semble ne pas avoir eu d’écho auprès de cet électorat de l’extrême-droite.

Une agglo très à gauche
En Gironde, c’est sans surprise en secteur rural que le FN obtient les meilleurs scores, alors qu’il atteint les 10% à Bordeaux. Il parvient toutefois à décrocher la deuxième place, devant la droite, dans sept communes de Bordeaux Métropole, en particulier dans le secteur de la presqu’île d’Ambès. L’agglo reste toutefois fortement ancrée à gauche, Virginie Calmels ne parvenant à devancer Alain Rousset que dans trois communes : Bouliac, Le Bouscat et Saint-Aubin-de-Médoc.

S. Lemaire

Photo : Alain Rousset fait un moins bon score qu’en 2010, mais sa victoire est sans appel © Thierry David / Sud Ouest