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Jean-Louis Bergey (Ademe) : Après la COP21, "ne relâchons pas la pression » PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 17 Décembre 2015 09:20

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Le week-end dernier a vu la signature du premier accord international sur le climat. Quelques jours après la fin de cette COP21, quel est le sentiment des acteurs de terrain ? Jean-Louis Bergey est le directeur régional de l’Ademe, l’Agence l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie.

 

C’est l'Ademe qui accompagne et soutient financièrement, au nom de l’Etat, les projets portés par les associations, les entreprises ou les collectivités locales en matière d’environnement et de développement durable. Elle est donc, avec d’autres, l’outil de la mise en application concrète des engagements de l’Etat dans ces domaines. Entretien.

“Accord historique” ou “peut mieux faire” ? Qu’avez vous pensé de la COP21 ?
C’est quand même largement une réussite. Il ne fallait pas penser qu’on allait résoudre tous les problèmes et tout d’un coup tourner le dos aux énergies fossiles. C’était une négociation internationale, avec les contraintes que cela impose. A ce titre il y a beaucoup de points positifs. Et en marge de l’accord lui-même on a aussi noté le fort engagement des collectivités locales, d’entreprises, de grandes banques... Cela va dans le bon sens. Il faut du temps pour sortir de 250 ans de société industrielle. Or l’enjeu climatique est assez jeune :au niveau international il a 30 ans, c’est assez peu. En tout cas, plus il y aura de pression en provenance du terrain (l’activisme des associations, la multiplication des réalisations concrètes...), plus cela incitera les gouvernements à avancer. Donc il faut surtout maintenir la pression sur le terrain.

Justement, vous qui êtes “sur le terrain”, sentez-vous l’impact d’une prise de conscience ? êtes vous plus sollicité, les projets à financer sont-ils plus nombreux ?
Nous sommes actuellement pénalisés par le prix de l’énergie, qui est très bas. Pour des industriels, remplacer du gaz par du bois n’a aucun intérêt actuellement. Leur regard est à court terme et la logique économique prime, donc les projets restent dans les cartons. Quant aux collectivités, elles ont des contraintes financières qui ne sont pas simples à gérer, avec des arbitrages à faire dans les investissements. Tout dépend alors de la sensibilité des élus. Certains estiment qu’ils ont une vraie responsabilité envers l’avenir et que ces actions valent la peine. D’autres ont une vision plus traditionnelle pensent que cela peut attendre. En revanche, il est vrai que l’on voit de plus de plus de projets portés par des associations, dans des domaines très divers.

Et qu’en est-il de vos crédits et de vos moyens ?
Nos crédits sont stables depuis quatre ans, ce qui dans le contexte actuel est déjà bien !?(16M€ par an pour l’Aquitaine, ndlr) Or jusqu’à présent il n’y a pas de projet que nous n’avons pu accompagner par manque de crédits. Ce serait sans doute différent si le prix du baril de pétrole remontait à 150 Dollars, mais en attendant, nous n’avons pas vraiment besoin de plus de crédits. Nos effectifs baissent, en revanche : nous sommes 20 personnes, nous avons perdu un poste l’an dernier.

Quels sont les sujets sur lesquels vous intervenez le plus dans la région ? Et à l’inverse, quels sont les domaines pour lesquels nous sommes en retard ?
Nous avons deux grands sujets : l’énergie et les déchets. Pour l’énergie, on intervient beaucoup sur la rénovation des bâtiments. Nous aidons les collectivités à mettre en place des dispositifs pour inciter les particuliers à faire des économies d’énergie. Il y en a un qui sera opérationnel sur la Métropole courant 2016. Et puis il y a une spécificité régionale : en Aquitaine on construit beaucoup de bâtiments neufs très sophistiqués :à énergie positive ou HQE. Puis on s’aperçoit que ces dispositifs technologiques n’ont pas été conçus pour la maintenance, l’exploitation... Alors on travaille à ce que cela soit mieux pris en compte.

Vous financez aussi beaucoup de projets liés aux énergies renouvelables...
On a de gros projets de chaufferies. Sur l’agglomération nous poussons beaucoup à l’utilisation de la géothermie. Parce que les chaufferies bois c’est bien, mais si on les multiplie nous aurons trop de camions en circulation en ville. Et nous aurons aussi un risque de tension sur la ressource bois en Aquitaine. Alors nous nous intéressons à l’utilisation de la géothermie profonde. Notamment sur la rive droite, dans le cadre du projet d’aménagement Bastide Niel. L’appel d’offre pour la délégation de service public, indique que chauffage se fera par géothermie profonde. Une nappe est en effet présente à 2000m de profondeur. Nous allons faire un puit de forage exploratoire pour voir si nous avons une température et un débit intéressant. D’autres projets sont en cours à Mérignac et à Pessac. Et puis on peut aussi faire du chaud et du froid à partir des eaux usées. C’est déjà le cas à Mériadeck pour le nouveau bâtiment de Bordeaux Métropole et à Pessac sur du logement social. Viendront s’ajouter le Museum d’histoire naturelle (en rénovation) et la partie Chartrons du nouveau quartier Bassins à Flot, qui sera chauffé avec les eaux usées de la station Louis Fargue.

Et sur les déchets ?
La situation de la prévention chez les particuliers (produire moins de déchets) est compliquée sur la métropole et les résultats sont difficiles à obtenir. Il y aussi des efforts à faire sur les emballages, notamment le verre : les taux de collecte ne sont pas très bons. Nous menons aussi un travail de fond avec les collectivités ou les entreprises sur la question de leurs achats, qui est complexe mais importante. C’est long mais cela progresse. De toute façon il nous faut être optimistes. Si on ne l’est pas, il faut changer de travail ! •

Propos recueillis par Sophie Lemaire

Photo Laurent Theillet / Sud Ouest

 

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