Des produits alimentaires pas encore périmés, et pourtant retirés des rayons et passés à l’eau de Javel pour les rendre impropres à la consommation. Cet usage et plus généralement le gaspillage pratiqué par la grande distribution sont en passe d’être formellement interdits par la loi.

Cet usage et plus généralement le gaspillage pratiqué par la grande distribution sont en passe d’être formellement interdits par la loi. Les grandes surfaces vont en effet être obligées de redistribuer leurs invendus à des associations. Un progrès réel dans la lutte anti-gaspillage alimentaire, mais qui ne sera pas forcément simple à mettre en oeuvre pour les magasins. La jeune société Comerso travaille justement depuis deux ans à faire l’interface entre les grandes surfaces et les associations locales, en leur proposant des outils pour communiquer entre elles et des solutions logistiques clé en main. Née à Agen, où se trouve encore son siège social, elle vient de rejoindre la pépinière de Technowest à Mérignac et projette d’y recruter plusieurs collaborateurs en 2016.

Tournées de collecte
« Notre objectif est de proposer des solutions afin de lever tous les freins et les difficultés qui empêchent la mise en place de solutions de redistribution », explique Pierre-Yves Pasquier, co-gérant de Comerso. Car même si la loi ne les contraignait pas encore jusqu’à présent, de nombreuses grandes surfaces avaient entamé des démarches pour trouver des solutions de redistribution d’invendus. « Au-delà de la loi, on sent une évolution des consciences à ce sujet et beaucoup de magasins ont tenté de mettre en place des partenariats avec des associations locales. C’est d’ailleurs un vrai projet d’entreprise parfois, qui mobilise réellement les équipes. Mais les petites associations n’ont pas toujours les moyens matériels et les infrastructures pour mettre en place un fonctionnement régulier de collecte. Nous fournissons une solution informatique qui permet aux entreprises et aux associations de communiquer simplement, et nous nous occupons des tournées de collecte en camions frigorifiques. » Le service est gratuit pour les associations, payant pour les grandes surfaces. « Nos chauffeurs sont des personnes qui sont en phase de réinsertion dans le monde du travail. Au final je pense que le service que nous proposons est gagnant pour tout le monde. »

En déploiement
Créée il y a deux ans, Comerso est en phase de déploiement de son offre. Elle travaille actuellement avec une cinquantaine de magasins dans la partie ouest de la France. Une tournée est opérationnelle dans le secteur de Langon par exemple. « Sur l’agglomération bordelaise, il existe des associations suffisamment structurées pour travailler directement avec les grandes surfaces, comme la Banque Alimentaire par exemple. Nous n’avons pas d’utilité à y être présents. Notre offre s’adresse à des secteurs où la redistribution est plus difficile à mettre en place. »
Le besoin est réel, si l’on en juge par les quantités de produits qui sont jetés chaque jour, bien qu’encore consommables. « Plus la date de péremption est proche, plus les chances qu’un produit soit acheté chutent », explique Pierre-Yves Pasquier. « Souvent, ils sont donc retirés du rayon deux ou trois jours avant l’échéance. Cela ne représente pas grand chose par rapport aux quantités totales vendues par les grandes surfaces, mais ce sont quand même des quantités énormes. »• Sophie Lemaire

Photo : Chaque jour, ce sont des palettes entières d’invendus qui peuvent être récupérées © comerso