Les Bastidiens l’attendaient cette cordonnerie de quartier, leur voeu est maintenant exaucé. C’est au 40 de la rue Benauge, que Laure Vignau, 41 ans, a ouvert début janvier sa boutique, La Cordonnerie de la Bastide. C’est la première dans le quartier depuis des années.

« Avant je travaillais dans le monde du spectacle vivant, en tant qu’administratrice. Les conditions de travail dans le milieu de la culture n’étant pas évidentes, j’ai commencé à réfléchir à ma reconversion. J’ai toujours eu envie d’un métier manuel, c’est donc pourquoi j’ai rencontré des artisans. Parmi eux, des cordonniers à l’ancienne. Après quelques stages chez eux, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure. J’ai donc suivi une formation de CAP cordonnerie afin d’acquérir les compétences nécessaires, et ouvrir mon propre commerce.» Native de la rive droite, cette ancienne élève du lycée François Mauriac situé dans le quartier de la Bastide, a senti que ce quartier avait du potentiel. « Il n’y avait pas de cordonnier rue de la Benauge. » Elle confie cependant que son choix premier s’était tout d’abord porté sur une cordonnerie à Bacalan dont l’artisan partait en retraite. Mais face au loyer du local, elle a du se résoudre à délaisser celui-ci. « Je me suis donc contentée de racheter le matériel, et j’ai entamé une recherche de longue haleine. Ma zone de prospection s’est portée vers ce quartier de la Bastide que j’affectionne, et j’ai trouvé cet ancien local de couturière » explique-t-elle.
Profession masculine ?
Historiquement masculin, ce métier tend de plus en plus à se féminiser et attire également les jeunes. « Je suis membre de la Fédération des cordonniers de Gironde. Les femmes sont pour l’instant encore peu nombreuses, mais d’ici les prochaines années je pense que la tendance va s’équilibrer. Par exemple l’année dernière, durant le CAP, la parité homme/femme était respectée » assure-t-elle.

Un métier d’antan
Ce métier fait partie des anciennes professions qui reviennent au goût du jour. C’est une manière de vivre et de consommer différente.
« Avant on allait beaucoup chez le cordonnier parce qu’on n’achetait pas vingt paires de chaussures par an…» Le nombre de cordonniers a incroyablement chuté en une poignée d’années. Et pourtant, la mode consumériste cède aujourd’hui la place au recyclage et à la réparation. « J’ai l’impression que l’on a tendance à revenir vers de la qualité, plutôt que de la quantité. à mon sens il vaut mieux réparer ce qui peut l’être plutôt que de racheter systématiquement » confirme Laure Vignau. C’est peut-être ça l’avenir : mieux consommer en donnant une seconde jeunesse à nos chaussure que l’on a tant aimé porter.• Adrien Mano
Cordonnerie de la Bastide, 40 rue de la Benauge, Bordeaux rive droite. Ouvert du mardi au vendredi (9h30-12h30 / 15h-19h) et le samedi (9h30-12h30). Tél : 09 50 45 62 50.