Un pied de nez à l’histoire. C’est ainsi que les artisans de la naissance de Newton à Bègles, qualifient leur projet. Newton est le nouveau nom du “Parc de l’intelligence environnementale” créé il y a quelques années par la ville de Bègles sur l’ancien site Esso. Un site industriel, dont la pollution des sols est avérée, mais qui ambitionne désormais d’accueillir des activités liées à la croissance verte.

« Newton s’adresse aux entreprises de l’économie verte, aux porteurs de projets innovants qui contribuent à lutter contre le changement climatique », indique l’EPA (établissement public d’aménagement) Bordeaux Euratlantique, devenu propriétaire du site en 2014 avec pour mission d’assurer sa reconversion. Deux ans après, celle-ci est en marche.

De l’offre de bureaux... autrement
Newton, c’est un parc de 4,5 hectares en plein coeur de Bègles (213 cours Victor-Hugo, à deux pas de la Poste) dans lequel plusieurs bâtiments attendent une seconde vie. Certains sont déjà occupés par Valorem, spécialiste de l’éolien et depuis quelques mois par une pépinière d’entreprises animée par Technowest. Mais ça n’est que le début d’une reconversion ambitieuse.
Aménageur du site, Bordeaux Euratlantique a dessiné les grandes lignes du projet et cherche maintenant les promoteurs qui vont le réaliser, c’est-à-dire construire les bâtiments et trouver les entreprises pour les occuper. « L’ensemble constituera un campus tertiaire, pour lequel nous souhaitons créer des services communs et des espaces de détente et de rencontre », explique Florentin Casset, chargé d’opération sur le projet Newton. Mais l’idée est aussi de se démarquer de l’offre de bureaux classique. Barbecues dans le parc, salles de réunion en extérieur... Newton se veut aussi innovant que les entreprises qu’il hébergera.
Au sud, une partie du parc sera ouverte au public, créant un nouvel espace vert dans le secteur. Sur la droite de l’entrée actuelle, un nouveau bâtiment (“la Nef”) accueillera aussi un ou deux restaurants accessibles au public. « Nous voulons créer un trait d’union entre Newton et son quartier, car c’est un site qui sera uniquement tertiaire. La pollution des sols nous interdit d’y construire des logements », explique Florentin Casset.

Faire avec la pollution
Car le site a une longue histoire industrielle : raffinerie jusque dans les années 50, puis dépôt pétrolier, centre de stockage de matériel de forage et enfin siège social d’Esso Rep... Ses sols en portent les stigmates : métaux (arsenic et plomb) et hydrocarbures. « Face à la pollution, nous avions deux solutions : prendre la terre et l’envoyer pour traitement à 300 km, ou bien faire avec. Il nous est apparu plus adapté et plus conforme à notre logique de développement durable, de faire avec. » Conformément aux préconisations officielles, une couche de terre sera ajoutée, et tous les cheminements seront surélevés pour y intégrer les divers réseaux (tuyaux et câbles) et éviter ainsi de creuser la terre.
Ce passé industriel n’est pas seulement une contrainte, tient toutefois à ajouter Florentin Casset. Ainsi, le site dispose d’un double forage géothermique de 250 m de profondeur qui sera réactivé et permettra à Newton d’être autonome en chaleur et en eau chaude.

Horizon 2019
ça, ce sera pour l’horizon 2019. En ce début 2016, Euratlantique en est à la commercialisation des fonciers (trouver les promoteurs qui construiront les bâtiments esquissés par le cabinet d’architecte) et identifier les entreprises qui les occuperont. De premiers coups de pelle devraient intervenir début 2017 et de premières livraisons un an plus tard. Ensuite, Bordeaux Euratlantique sortira du jeu et laissera les co-propriétaires de Newton tracer leur chemin. « Dans cinq ans nous ne serons plus là », estime Florentin Casset. Le temps d’avoir mené à bien la transition des énergies fossiles vers les énergies renouvelables.• Sophie Lemaire

Et bientôt des moutons à Newton !
Dans quelques semaines, un troupeau de six moutons emménagera dans l’enceinte du parc Newton, en plein coeur de l’agglo. Un berger du Blayais a accepté d’y installer quelques bêtes à demeure. Leur mission : tondre les pelouses, bien sûr. Un coup de com’ ? Non, une vraie solution, répond Florentin Casset. Compte tenu des surfaces et du type de végétation (notamment quelques arbustes très piquants et des orchidées à protéger dont les moutons ne raffolent justement pas), le calcul économique du coût de l’entretien pencherait résolument en faveur des moutons. Quant au capital sympathie, n’en parlons pas. Tous les tests ont été faits pour s’assurer que la pollution des sols ne présente pas de danger pour les bêtes. Il faut juste espérer que tout le monde leur fichera la paix.