Le dossier a quelque peu échauffé les esprits hier en conseil municipal de Bordeaux : faut-il vendre l’hôtel de Ragueneau ?
Cet édifice de la rue du Loup, au balcon ventru parcouru d’une glycine célèbre et odorante, hébergeait les archives municipales. Mais celles-ci ont franchi le fleuve pour s’installer dans un bâtiment neuf rive droite, et la majorité municipale a décidé de mettre en vente l’hôtel particulier datant du XVIIe siècle.
Mis à prix à 2M€ Cet immeuble « ne présente plus d’intérêt pour l’administration communale ou pour les bailleurs sociaux » et « sa mise aux normes trop onéreuse ne se justifie pas au regard du coût de réhabilitation » indique la délibération présentée par l’adjoint aux finances Nicolas Florian. Elle propose une cession par le système de vente interactive des notaires, avec une mise à prix à 2M€. L’acquéreur sera sélectionné par un jury.
4000 signatures sur la pétition Cette délibération a suscité un front commun de l’opposition socialiste et écologiste, qui reproche à l’équipe d’Alain Juppé de vendre « le patrimoine des bordelais » pour financer des réalisations qu’elle continue de contester : nouveau stade, cité municipale...
« 19 maires se sont succédés vous serez celui qui rompt la tradition de protéger cette demeure exceptionnelle. L’approche que vous avez du patrimoine de la ville est purement comptable », estime l’élu socialiste, qui a fait circuler une pétition contre la vente de l’hôtel de Ragueneau. « Elle a récolté 4000 signatures en 10 jours ». « Dire qu’il est mal entretenu et trop cher à rénover n’est qu’un prétexte, a affirmé Michèle Delaunay. « En réalité il s’agit de combler les trous faits par des investissements de moindre qualité.» « Où est la réflexion globale de la ville sur son patrimoine ?» abonde l’élu EELV Pierre Hurmic, qui « regrette que nous soyons condamnés au cas par cas.» « On convoque l’histoire avec un grand H pour dissimuler une vilaine polémique », leur a répondu m’adjoint à la culture Fabien Robert. « La politique menée par cette majorité est exemplaire en matière de patrimoine, c’est reconnu (...). Le patrimoine évolue et chaque maire prend sa part à la construction et au patrimoine de chaque ville.». La polémique politicienne, c’est aussi ce qu’a dénoncé Nicolas Florian : « Ne laissez pas croire que c’est un fast food qui va s’y installer. La vente dépendra du projet autant que des enchères, et un cahier des charges va être élaboré. Il n’y a pas que la puissance publique qui a vocation à gérer et entretenir du patrimoine.» Alain Juppé confirme, sec : « La gestion d’une ville c’est aussi de se projeter sur l’avenir, pas seulement ressasser le passé. On ne peut pas laisser dire que Bordeaux brade son patrimoine alors que la ville est largement reconnue par l’Unesco. Moi aussi j’aime le patrimoine. J’aime l’hôtel de Ragueneau et j’aime les façades XVIIIe. Je ne vais pas toutes les racheter pour autant.»• SL
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