Le cirque Arlette Gruss, il en rêvait depuis longtemps, le jeune Kévin Sagau. Âgé de 26 ans, ce garçon originaire de Pegomas dans les Alpes-Maritimes rêvait depuis tout petit à ce rôle de Monsieur Loyal, ce personnage qui introduit les numéros et sert de fil rouge tout au long d’un spectacle de cirque.

 «Je suis passionné par le cirque Arlette Gruss depuis que j’ai huit ans. Je me souviens y être allé pour la première fois avec ma maman, un peu par hasard. Je suis tombé en admiration devant le Monsieur Loyal de l’époque, Michel Palmer, figure historique du cirque Arlette Gruss.»
En 2006 sa vie prend un tournant. Alors lycéen, il réalise, sur une radio locale, une émission en hommage à Arlette Gruss. Il donne l’enregistrement à  Michel Palmer qu’il rencontre à la fin d’une représentation à Nice. Entre ces deux là naît une véritable amitié. « Je me souviens qu’il m’a demandé ce que je voulais faire plus tard, et de lui dire : "Je veux prendre votre place", ce à quoi il a répondu : "Si un jour j’arrête, je t’appelle" » raconte Kévin Sagau.

Une nouvelle aventure
Les années passent, Kévin, âgé de 19 ans, se lance dans des études en communication, et c’est alors que la nouvelle tombe : Michel Palmer raccroche son costume de M. Loyal, après vingt-trois ans d’exercice. Il pense alors à son ami Kévin. « Il m’a conseillé d’envoyer un CV, je n’ai pas hésité une seule seconde. J’ai eu un entretien avec Gilbert Gruss qui a décidé de m’embaucher pour le rôle. J’étais à la fois excité et mort de trouille. J’ai lâché mes études et je me suis lancé dans l’aventure, un mois à peine avant le début de la tournée de 2009» confie le tout jeune M. Loyal.
Même s’il n’a jamais effectué de numéros de cirque ou pris de cours de théâtre, il a quelques cordes à son arc : « J’écris des poésies pour moi, et je joue également de la guitare.» En véritable autodidacte, il prend des cours accélérés auprès du "maître" Michel Palmer qui lui apprendra le b.a-ba du métier. « Heureusement j’ai eu un bon prof ! Je savais qu’on m’attendait au tournant » ajoute-t-il.

La vie de cirque
Faire sa place au sein d’une entreprise n’est pas chose aisée, mais intégrer une famille l’est encore moins. «Quand on arrive de l’extérieur, ce n’est pas facile de pénétrer ce cocon déjà formé de personnes qui sont nées dans le cirque. Au début on sent quelques regards méfiants... puis lorsque vous prouvez que vous avez le désir profond d’évoluer dans ce milieu et que vous êtes prêt à tout donner pour le spectacle, on vous fait une grande place » confie Kévin Sagau. Et depuis 2009, il a fait ses preuves.

Un M. Loyal dépoussiéré
Monsieur Loyal a pour défi d’évoquer l’ambiance du prochain numéro sans pour autant le dévoiler. «Il faut que ça soit une mise en bouche. M. Loyal n’a pas le droit de tirer la couverture à lui» explique le jeune circassien.
En place depuis maintenant sept ans, Kévin continue de faire évoluer son personnage. Oubliés la queue de pie traditionnelle, le chapeau haut de forme et le fameux "Applaudissez bien fort !" Place à la modernité ! Pour Kévin Sagau, il était impensable de copier trait pour trait son prédécesseur.
« Il faut savoir rester soi-même, créer un personnage qui nous ressemble. Ce nouveau personnage est décalé et maladroit »  précise t-il. Au fur et à mesure des années qui passent, Kévin Sagau et son alter ego gagnent en maturité : « Je souhaite exploiter plusieurs facettes de ce Monsieur Loyal, l’emmener vers d’autres horizons. Il est l’identité du cirque Arlette Gruss, il évolue avec son temps et je suis fier de porter ses couleurs.» • A. Mano
www.cirque-gruss.com. Jusqu’au 10 février.

Photo Laurent Theillet / Sud Ouest