La Ville de Bordeaux a présenté hier un plan en faveur de l’équité culturelle sur son territoire. Ce plan liste 17 actions déjà opérationnelles ou chantiers à engager afin de renforcer le rôle de la culture dans le “bien vivre ensemble”.

« Après les événements tragiques de 2015, nous nous sommes interrogés sur les réponses locales que nous pouvions apporter, sur les actions culturelles ou socioculturelles que nous pouvions mettre en oeuvre pour préserver et renforcer la cohésion sociale », explique l’adjoint en charge de la culture Fabien Robert. à ses côtés, quatre autres adjoints de l’équipe municipale, en charge d’autres délégations : éducation, petite enfance, cohésion sociale... Car le travail a été transversal, et les actions proposées empiètent sur ces trois domaines.  

Plus de proximité
L’un des axes forts de ce plan pour l’équité culturelle est le souhait d’un renforcement de la proximité : « La culture partout et pour tous ». Partout, c’est-à-dire aussi hors des lieux habituels : théâtres, musées, bibliothèques. On notera ainsi le soutien de la Ville à l’événement Classique aux balcons, organisé par le bailleur social In Cité au Grand Parc en juin. Pendant une semaine, des concerts de musique classique seront proposés dans les halls d’immeubles, centres sociaux, écoles, etc. Et les habitants ont été associés à la préparation de l’événement, piloté par la compagnie Les Caprices de Marianne. Des institutions de la vie culturelle bordelaise (chœur de l’ONBA, Orchestre d’harmonie) multiplieront les concerts dans les quartiers. Et la Ville demande désormais aux festivals qu’elle soutient financièrement d’essayer de proposer aussi des rendez-vous décentralisés.
Aide à la création
La Ville s’engage aussi à soutenir plus activement des formes culturelles différentes, comme le street art, qui connaît un réel essor à Bordeaux, et à intégrer davantage les “cultures urbaines” à ses événements : une soirée des Scènes d’été (concerts gratuits) sera consacrée au hip hop cette année dans la cour du Palais Rohan.
La Ville va aussi travailler avec la plateforme de financement participatif spécialisée Proarti pour qu’elle accompagne une dizaine de projets culturels bordelais. Et Bordeaux accueille d’ores et déjà une délégation de l’association nationale le Labo des histoires, qui met en place des ateliers d’écriture gratuits pour les moins de 25 ans. Objectif : débrider l’imaginaire.
Dans les écoles, des ateliers de sensibilisation aux dérives du web seront proposés aux élèves de CM1-CM2 à partir de la rentrée. Et chez les tout-petits, les ateliers (déjà existants) de sensibilisation à la musique ou à la danse seront deux fois plus nombreux (et le budget multiplié par deux) dans les crèches de la ville.

Une Fête de la musique repensée
Enfin, une nouveauté qui n’est pas volontaire, mais s’inscrit finalement dans l’axe proximité de la Ville : la Fête de la musique n’aura pas sa forme habituelle cette année à Bordeaux. À cause de l’Euro de football, tout autre rassemblement de population sera interdit par la préfecture dans l’hypercentre le 21 juin, pour raisons de sécurité. La mairie n’organisera donc pas ses grandes scènes habituelles mais proposera plutôt des rendez-vous de plus petite taille dans le sud, l’ouest ou sur la rive droite de la ville.

Solidarité culturelle avec la Syrie
Le rendez-vous d’hier fut aussi l’occasion de révéler une action menée en 2015 par les Archives municipales et les musées de la ville : l’envoi en Syrie d’un camion rempli de matériel de transport et de conservation des œuvres d’art. « Ce sont les Archives de France qui nous ont sollicités à la demande de l’Unesco », explique le directeur des archives de Bordeaux Frédéric Laux. « Nous en parlons maintenant car nous savons que le camion est arrivé il y a peu à destination, et que le matériel a pu être remis. Il s’agissait pour nous de contribuer concrètement à la mise en sûreté d’oeuvres menacées de destruction ou de trafic par Daesh ».• SL

Photo : Pas de grande scène en ville pour la fête de la musique cette année, mais des petites jauges dans les quartiers © Archives F. Cottereau / Sud Ouest