Si vous pensiez profiter des lieux d’art pour éviter la fièvre de l’Euro, c’est raté ! Même le musée d’Aquitaine saisit la balle au bond avec son expo « À la limite du hors-jeu ». Ouverture dès ce mercredi.

« Une apologie de ceux qui vivent le foot, qui usent du foot comme un moyen de fabriquer du lien, de fabriquer le monde. » Le plasticien Guy-André Lagesse n’est pas tombé dedans tout petit, non. Lui, c’est à la faveur de la Coupe du Monde en Afrique du Sud où il est installé qu’il s’est emparé du phénomène, traversant toute l’Afrique avec deux complices, balle au pied. Le ballon rond vecteur de rencontres « avec des princes comme des pauvres gens» : il en livre les fruits dans une salle entière du musée d’Aquitaine.

Des mots et une démarche emblématiques de la paroi poreuse entre les univers de l’art et du football, aussi révélateurs l’un que l’autre sur notre monde, que retranscrit bien cette exposition assez unique en son genre. Unique d’abord parce que si le commissaire de l’expo, le conservateur du musée d’Aquitaine Paul Matharan, est allé chercher des œuvres du monde entier (le Colombien Freddy Contreras qui signe des talons-aiguilles à crampons du plus bel effet, les Berlinois PSJM, le Mexicain Javier M. Rodriguez...), il a aussi pris un malin plaisir à créer des pièces uniques avec toute son équipe et surtout le concours de la Fondation Raffy des frères Lahontâa – mentions spéciales aux “vraies-fausses reliques” et aux posters de coupes de cheveux de footballeurs. Résultat, une expo où on sourit souvent de ces regards bien décalés.

Unique aussi car les Ultramarines, le club des supporters des Girondins, ont eu droit à leur espace pour partager tifos, slogans, chants et vidéos. Unique, enfin, avec un catalogue d’exposition abordable (11€). •

Sébastien Le Jeune

Photo : La “culture foot” et ses symboles sont exposés au musée d’Aquitaine où les interventions très drôles de la Fondation Raffy côtoient des œuvres d’art du monde entier © Quentin salinier / Sud Ouest