Hier matin, comme depuis plusieurs jours, on passait l’aspirateur place Renaudel, à Bordeaux. En position accroupie, une archéologue aspire des sédiments dans un sacorphage. à l’intérieur, on peut voir les restes d’un squelette. « Cette opération va nous permettre de comprendre dans quelle position cet humain a été installé dans sa sépulture », explique Juliette Masson. 

Dans le dit sarcophage, quatre individus et un petit enfant ont été retrouvés. « Ils ont très certainement vécu à l’époque mérovingienne, c’est-à-dire entre le VI^e et VII^e siècle», indique la spécialiste qui travaille au centre d’archéologie préventive de Bordeaux Métropole.

Depuis le 12 septembre, Juliette Masson et une équipe de trois personnes réalisent des fouilles qui ont permis de dévoiler un cimetière médiéval devant l’église Sainte-Croix. Six sarcophages décorés avec des stries et des croix ont été mis à jour. 

Une première dans le quartier

« Cette découverte est très importante, avance Christophe Sireix, le responsable du service de la métropole. Ce sont les premiers sarcophages qu’on peut observer autour de Sainte-Croix. Cette abbatiale puis paroissiale a joué un rôle majeur dans l’histoire de Bordeaux. » Les origines de l’abbaye Sainte-Croix restent encore floues. La présence de ces sarcophages pourraient aider à mieux les déterminer.

Les fouilles se terminent aujourd’hui. Elles ont été déclenchées suite à des travaux réalisés dans la rue d’Welles. «Dans le cadre du programme Bordeaux [re]Centres, nous souhaitons créer un chemin doux depuis Santé Navale jusqu’aux quais », explique émilie Kuziew, l’adjointe au maire en charge de Bordeaux-Sud. Le secteur autour de la place devant l’église doit ainsi passer en zone d’accès limité. Des bornes escamotables ont été posées à l’entrée de la rue d’Welles en septembre 2015. Au moment d’installer celles de sortie, les travaux ont fait apparaître à moins de 30 cm de la surface du sol des sépultures allant du XVII^e au XIX^e siècle. Juste en dessous, les archéologues sont tombés sur des couvercles en pierre de sarcophages beaucoup plus anciens.

A partir de lundi, les travaux pour la mise en place des bornes reprendront. La partie du cimetière mérovingien découverte sera protégée et recouverte de terre. « Sortir les sarcophages n’étaient pas notre but. Ils sont dans un état fragile, précise Juliette Masson. Nous avons prélevé tous les matériaux nécessaires pour approfondir nos recherches »• 

Laurie Bosdecher

Photo: Six sarcophages, décorés aevc des stries et des croix ont été mis à jour ©Claude Petit / Sud Ouest