Dites rocade. Les bras se lèvent au ciel pour ceux qui y sont empétrés matin et soir. Depuis dix jours, plusieurs élus de droite et de gauche ont pris la parole dans le quotidien « Sud Ouest » pour avancer leurs solutions afin de désengorger le trafic sur la ceinture de bitume autour de l’agglomération. Seront-elles suivies de décisions concrètes pouvant réduire le temps que passent les Girondins dans les bouchons ? 

L’ancien président socialiste du Conseil général a ouvert le bal le mardi 27 septembre. Il annonce dans les colonnes du journal que le contournement autoroutier de Bordeaux  est une priorité absolue. Dans les années 2000, l’élu, aujourd’hui simple sénateur, avait déjà plaidé pour cette solution. Le projet avait été abandonné en 2007. Puis le Grenelle de l’environnement l’avait définitivement enterré. 

« Je vais sans doute faire une intervention au Sénat, sous peu, car c’est devenu infernal, dit Philippe Madrelle à « Sud Ouest » [...] Il y a une urgence car nous sommes bloqués. Maintenant, j’ai du recul, je ne cherche plus rien, ce sujet nous interpelle tous car cela va devenir un facteur de déclin de l’agglomération.

Sens unique, voie neutralisée

Lui plaide, comme dans le passé, par un contournement par l’ouest. Quelques jours plus tôt, en conférence de presse de rentrée, Alain Juppé, qui s’était prononcé contre un grand contournement en 2007, a glissé une phrase, indiquant y être désormais favorable. Mais par l’est en créant des barreaux autoroutiers entre l’A10, l’A89, l’A65, l’A62 et l’63. Des routes départementales existent entre ces autoroutes. En revanche, elles ne sont pas du tout calibrées pour dévier le trafic autoroutier de la rocade bordelaise.

Ces véhicules( dont beaucoup de camions) qui ne font que traverser la métropole dans le cadre de longs trajets entre le sud et le nord de l’Europe ne représenteraient que 10% du trafic. quotidien. C’est peu.

Le lundi 3 octobre, un autre président prend la parole dans le journal régional. Le socialiste Jean-Luc Gleyze, successeur de Philippe Madrelle à la tête du département, ne croit pas à une « super rocade ». « Ce n’est pas une solution réaliste. Il faudrait des décennies pour la réaliser », estime-t-il. 

Lui propose un « bouquet de solutions ». Il milite pour une autoroute ferroviaire afin de retirer les poids-lourds et le développement du covoiturage. Plus étonnant : le président  du Département avance l’idée de mettre à sens unique la rocade. Tout le monde tournerait dans le même sens sur six voies. Adieu donc les bouchons ! L’élu vient de demander une étude à ses services pour étudier cette solution.

Jean-Luc Gleyze est qualifié le lendemain dans « Sud Ouest » de « candidat au concours Lépine des mauvaises idées» par l'élu écologiste de Mérignac, Gérard Chausset.  Alain Juppé juge lui aussi cette hypothèse de transformer la rocade en rond-point géant absurde. Lui dégaine des applis de covoiturage et d’autopartage, pense aussi à un bus à haut niveau de service en site propre. Et revient sur la petite phrase glissée quelques semaines plus tôt sur les fameux barreaux. Le candidat à la primaire de la droite et du centre a même écrit au président de la République à ce sujet. à suivre. 

En attendant, les travaux de la mise à 2x3 voies continuent. Doucement mais sûrement vers Mérignac puis Le Haillan engorgeant un peu plus la circulation avant, peut-être, de la fluidifier.•  

Photo: Depuis la rentrée, la rocade est de plus en plus engorgée aux heures de pointe ©Archives Thierry David / Sud Ouest