Le moins qu’on puisse dire c’est que le projet de BHNS (bus à haut niveau de service) entre Saint-Aubin du Médoc et la gare Saint-Jean ne fait pas consensus. Cette solution d’un transport en commun en site propre a été préférée à celle du tram car elle est moins coûteuse (100 M€) et moins compliquée à mettre en oeuvre. Alors que l’enquête publique est en cours et que de nombreuses réunions d’information et de concertation sont organisées en ce moment avec les riverains, il est difficile de s’y retrouver dans la somme d’avis contradictoires émis sur ce dossier. 

Après avoir dit qu’il n’en voulait pas, Jacques Mangon, le maire de Saint-Médard-en-Jalles a fini par se ranger à l’avis majoritaire et par voter pour, en Conseil de Métropole. Mais il continue à affirmer que « le BHNS n’est pas une solution structurante en elle-même mais complémentaire. L’équipement structurant pour nous est le tramway.» Reste que si le passage du BHNS dans la commune est acté, des points techniques font encore débat comme le lieu de retournement du bus. Une zone aménagée pour permettre au BHNS de repartir rapidement en sens inverse. Elle devait être installée près de la gare cycliste mais la commune réserve le terrain à un autre usage, il faut donc trouver un autre endroit pour que le bus puisse se retourner. 

Les « oui mais » et les « non » 

Le collectif Jalles transports qui réunit des habitants du Haillan, de Saint-Médard, de Saint-Aubin et du Taillan, milite en faveur du BHNS, depuis que l’option tramway a été abandonnée. Mais il reste très attentif au tracé de ce nouveau mode de transport en commun. Jean-Louis Moura, un de ses porte-parole note qu’avec « le BHNS, les quartiers ouest de Saint-Médard seront moins bien desservis qu’avec la Liane 3 ». Le collectif demande donc que cette desserte des quartiers ouest soit inscrite dans la déclaration d’utilité publique à l’issue de la concertation. 

Ailleurs sur le tracé du BHNS, d’autres habitants se mobilisent pour dire leur opposition au projet, ou du moins à la partie du parcours qui les concerne. Rue Grand Lebrun, les anciens membres du collectif Caudéran-Grand Lebrun viennent de créer une association L’autre R.U.E. Grand Lebrun (résidents, usagers, écoles) pour demander le maintien du stationnement devant chez eux. Le tracé envisagé prévoit en effet, la création d’une voie réservée au BHNS et d’une voie pour les voitures, avec la disparition des places de parking devant les maisons. Une solution retenue pour satisfaire les habitants frappés d’alignement dans cette rue et qui risquaient de voir leurs propriétés rognées. 

Plus près du centre-ville, c’est l’association Bordeaux à coeur qui vient de voir le jour dans la lignée du collectif Alerte au diplodobus. Pour Françoise Lacoste, sa porte-parole, le BHNS n’est « pas adapté au quartier Saint-Seurin, Croix-Blanche. Selon les mots d’un habitant, c’est faire passer un éléphant dans un trou d’aiguille.» L’association propose de faire passer le BHNS cours du Maréchal Juin plutôt que rue Capdeville, à quoi il lui a été répondu que ce n’était pas possible. Elle se réserve maintenant la possibilité d’ester en justice. 

La concertation se poursuit jusqu’à la fin du mois de novembre dans les différents quartiers et communes concernés. Avant la fin de l’année, la métropole devrait déposer la demande de déclaration d’utilité publique. Elle sera étudiée par un commissaire indépendant. Et les travaux pourraient commencer en 2017, si la déclaration d’utilité publique est validée. •

Stéphanie Lacaze 

Le BHNS est un bus de grande taille qui fonctionne au gaz ou à l’électricité et qui roule sur une voie qui lui est dédiée. Photo Fabien Cottereau / Sud Ouest