Interrogée dans la file d’attente d’un bureau de vote bordelais dimanche, une dame confiait à la caméra d’un journaliste d’Itélé : « je vais voter Fillon. Juppé, je préfère le garder pour Bordeaux. » Ce mardi, le « boss » comme l’appellent les membres de son cabinet est de retour à la maison.

Envolés ses rêves de campagne électorale pour l’Elysée. Sèchement battu par François Fillon au second tour de la primaire de la droite et du centre (66,5% des voix), Alain Juppé a dit dimanche soir qu’il allait se consacrer aux Bordelais.

Le président de la métropole sera bien aux manettes du conseil métropolitain ce vendredi puis dirigera les débats du conseil municipal le lundi 12 décembre. « Au niveau local, la chute du maire (NDLR: à la primaire) ne manquera pas d’avoir des incidences », a prédit le conseiller départemental et régional socialiste, Philippe Dorthe.

Mais quelles incidences ? Alain Juppé a obtenu 66% des voix dans sa ville dimanche, 62% au niveau de la Gironde. Le candidat à la primaire a su dans sa ville et son département faire ce qu’il n’a pas réussi au niveau national: réunir derrière lui le centre et un large éventail de la droite. Dans son conseil municipal, siège même un membre de Sens Commun (mouvement issu de la Manif pour tous).

Calages pour les législatives

A droite comme à gauche, dimanche soir et ce lundi, beaucoup d’élus politiques locaux ont salué le courage de l’homme politique dans ce combat (peut-être le dernier) et ont eu une pensée émue pour lui. Alain Juppé, désormais à plein-temps à Bordeaux, finira-t-il ses mandats ? Dans son entourage, aucun n’en doute. « C’est un homme de devoir », a dit à « Sud Ouest » dimanche soir son directeur de cabinet Ludovic Martinez.

Quid de sa dauphine Virginie Calmels, sa première adjointe en charge de l’économie à la Ville et à la métropole, à qui était promise la mairie si le « boss » devenait président ? Partira-t-elle aux législatives en juin prochain sur la deuxième circonscription, détenue depuis 2007 par la socialiste Michèle Delaunay ? Saura-t-elle patienter jusqu’en 2020 pour postuler au poste de maire et présidente de Bordeaux Métropole ? L’intéressée dit vouloir se donner un peu de temps et discuter de tout cela avec le maire et président de Bordeaux Métropole avant d’annoncer sa décision.

Que vont faire les autres adjoints de la majorité municipale intéressés par la députation et qui attendaient les résultats de la primaire pour se positionner ? Fabien Robert, l’adjoint à la culture encarté au Modem n’avait pas caché ses intentions il y a quelques semaines de partir lui aussi sur la circonscription de Bordeaux-centre. Jean-Louis David, en charge des questions de proximité et de la voie publique, a des fourmis dans les jambes. Nicolas Florian pourrait, lui, partir sur la première circonscription actuellement détenue par la socialiste Sandrine Doucet.

Dès son retour, le patron, peu enclin aux chamailleries dans ses pattes, mettra sûrement de l’ordre dans sa majorité. « Pendant qu’il battait la campagne, les dossiers sont restés en suspens, écrivait dimanche soir sur son profil Facebook, son plus virulent opposant socialiste au conseil municipal Matthieu Rouveyre. Alain Juppé devra rapidement répondre à de nombreuses questions liées notamment à la situation financière de la Ville. Back to reality !»