Construire des tours à Bordeaux n’est pas une mince affaire. Après l’immeuble Cogedim raboté de six étages aux Bassins à flot sous la menace de l’Unesco en septembre dernier, le permis de construire de la tour Saint-Jean, dans le périmètre Euratlantique, vient d’être annulé par le tribunal administratif, selon une information du journal « Sud Ouest »

Trois voisins du site ont obtenu gain de cause. Ils avaient attaqué le projet en justice estimant que la construction de cet immeuble allait leur porter préjudice en masquant les vues et le soleil.

La tour Saint-Jean, envisagée rue Saget, près du cours de la Marne, devait culminer à 61 mètres de hauteur, compter 19 étages et 90 logements pour étudiants. Le promoteur, SNC Nacarat Saint-Jean, a fait appel à l’architecte Jacques Ferrier pour imaginer cet immeuble très contemporain.

Pour deux mètres de trop

Deux des plaignants qui habitent dans les résidences voisines avaient dans leur argumentaire avancé le fait que la tour allait porter atteinte à la vue devant leurs fenêtres. Le troisième plaignant, exploitant d’un hôtel voisin, pointait du doigt la perte d’ensoleillement, le manque de places de stationnement et les nuisances liées aux futurs habitants de la tour.

Le tribunal administratif a retenu les arguments des deux premiers voisins. Cette décision d’annuler le permis de construire repose essentiellement sur la hauteur du bâtiment. Le tribunal a estimé que la tour Saint-Jean aurait dû être classée dans la catégorie des des immeubles de grande hauteur (IGH) soumis à une stricte réglementation. Le dossier présenté par le promoteur classe la résidence dans la catégorie « bâtiment dit de 4e famille ». Le tribunal s’est basé sur la hauteur du plancher de l’appartement en duplex du dernier étage, soit à 52 m du sol. Ce sont deux mètres de trop pour laisser l’immeuble en « bâtiment 4e famille ».

Au delà de 50 m, l’immeuble doit passer en IGH. Les règles ne sont alors plus du tout les mêmes notamment pour la protection incendie.?Le promoteur va devoir désormais choisir entre deux stratégies : soit il dépose un nouveau permis de construire en baissant la hauteur de la tour pour la sortir de la catégorie IGH, soit il fait appel de la décision du tribunal. Selon le quotidien « Sud Ouest », l’abandon du projet n’est pas aujourd’hui à l’ordre du jour.• 

Photo : Le projet tel que l’a imaginé l’architec © IMAGE ARCHITECTE JACQUES FERRIER