Depuis l’entrée de l’école David Johnston, on ne peut pas la rater. Sur le toit d’une résidence accueillant des personnes âgées, située à quelques rues de là, l’antenne relais de l’opérateur SFR est déjà dressée. Malgré les efforts des parents d’élèves de l’établissement, celle-ci devrait entrer en service en janvier.
L’affaire ne date pas d’hier. S’appuyant sur un décret de 2002 évoquant le principe de précaution, au regard du risque potentiel lié au champ magnétique émis par ces antennes, la Ville de Bordeaux avait pris un arrêté municipal, en 2010, interdisant leur pose à moins de 100 mètres des établissements accueillant des personnes dites sensibles, enfants, malades et personnes âgées. Mais après un recours déposé par SFR, l’arrêté bordelais avait été cassé en conseil d’État. « L’antenne a été posée il y a moins de deux semaines, peste Olivier Faurie, président de l’association des parents d’élèves de l’école. Elle est à 87 mètres de l’école. Nous sommes très inquiets.»
Un appel au maire
La direction régionale de SFR explique que ce secteur, rue Fondaudège, présente un « trou de couverture » et que l’immeuble choisi, par sa hauteur et sa situation, est le plus adapté pour accueillir cette antenne de dernière génération, prévue notamment pour la 4G. « Nous sommes une entreprise responsable qui agit dans le cadre réglementaire, assure Guillaume Fauré, directeur des relations régionales pour SFR. On respecte les puissances limites, qui sont de 39 à 61 volts par mètre. Et dans 95% des cas, nous sommes même à moins d’un volt par mètre.»
Mais l’explication ne rassure pas les parents d’élèves, qui soulignent que cinq antennes-relais fonctionnent déjà dans ce secteur, où l’on trouve pas moins de cinq établissements scolaires. Une pétition a déjà recueilli près de 700 signatures, avec celles des parents d’élèves de l’école Lagrange. Selon ces parents, le mouvement fait tâche d’huile et de plus en plus de riverains commencent eux aussi à s’inquiéter : « la mairie nous dit qu’elle ne peut rien faire, reprend Olivier Faurie. C’est faux et ce n’est pas ça l’engagement politique ! Alain Juppé a la poigne nécessaire et s’il tape du poing sur la table, SFR renoncera. Nous sommes dans un quartier où les gens ne sont pas des révolutionnaires et pourtant, ils sont révoltés. Ici, l’école est un bureau de vote et la droite arrive généralement en tête. Il y a bientôt des élections, le maire ferait bien de regarder ce qui se passe ici... Il doit se saisir du problème.»
« Je suis déçue de cette réaction, regrette Anne-Marie Cazalet, l’adjointe au maire du quartier. Alain Juppé a déjà essayé de peser de tout son poids mais il s’agit d’intérêts nationaux que l’on ne peut infléchir. La Ville a épuisé tous ses recours mais nous imposerons un contrôle des fréquences à SFR et l’antenne ne sera pas orientée vers l’école.» Une mesure insuffisante, selon les parents d’élèves : « une antenne fonctionne par rayonnement, reprend Olivier Faurie. Cela ne peut pas s’orienter. On nous prend pour des cons ! » Les parents ne comptent pas en rester là et ils envisagent d’entamer une action en justice. •
OSF
Photo : Les parents d’élèves ne veulent pas d’une antenne-relais SFR à 87m de l’école © OSF |