Certains ont une vraie présence sur scène, ne lâchent pas leur auditoire du regard et assènent leurs arguments d’un ton assuré que ne renieraient pas quelques-uns des plus grands ténors du barreau. D’autres lisent leurs notes, ont une voix qui porte moins, cherchent leurs mots ou adoptent un langage corporel qui trahit leur nervosité. Mais tous sont absolument convaincus par la cause qu’ils sont venus défendre.

Hier, quatorze lycéens du quart sud ouest de la France ont participé à la finale régionale du « concours des plaidoiries des lycéens pour les Droits de l’Homme.» Seuls ou en duo sur scène, face à un public d’une petite centaine de personnes, réunies au sein de l’auditorium du Musée d’Aquitaine, ils disposaient de 8 à 12 minutes pour développer un argumentaire construit et référencé sur le thème de son choix : « ils doivent aborder un sujet en rapport avec les Droits de l’Homme, explique Emmanuel Thiébot, historien au Mémorial de Caen, l’organisateur de ce concours créé il y a 17 ans. On leur demande de partir d’un cas particulier qui doit systématiquement faire référence à des textes, des conventions ou des textes de loi garantissant les libertés individuelles. Ils doivent dénoncer des atteintes à ces Droits de l’Homme, que ce soit en France ou à l’étranger, dans tous types de domaines. Il n’y a pas de restriction.»



Handicap, homosexualité,...

Hier, les thèmes abordés étaient justement très variés. Certains ont choisi de s’attacher à l’actualité, comme lors de cette évocation des réfugiés de Lampedusa et de l’attitude de l’Europe, qui « tente de les repousser car elle a peur.» D’autres sujets étaient plus intemporels, tels les « morts-vivants », ces victimes pas toujours conscientes de l’être d’un trafic de nouveaux nés qui aurait concerné 30 000 personnes entre 1939 et 1975 en Espagne. Ou encore, pêle-mêle, la problématique de l’intolérance vis à vis de l’homosexualité au Cameroun, la crise humanitaire due au manque de médecins au Zimbabwe, la question du handicap en Chine... « On constate chez ces jeunes des prises de conscience sur des sujets qui parfois nous étonnent, apprécie Emmanuel Thiebot. Tous les jeunes ne passent par leur temps à regarder la Star Ac’. Il n’y a peut-être pas le même engagement que chez les anciennes générations, ils sont moins militants, mais ils sont bien conscients de la situation en France et dans le monde.»



Un Bordelais à la deuxième place

Un seul lycéen bordelais participait hier au concours. Yanis M’Zali, élève en classe de première au lycée Magendie, a choisi de traiter de la question sensible du travail des enfants : « je suis jeune ambassadeur pour l’UNICEF, prévient-il. Cela m’a paru normal de défendre la cause des enfants.»
Le jeune homme a travaillé à sa plaidoirie pendant « deux semaines, dont quatre jours pleins.» Pour sa prestation à l’oral, il s’est entraîné devant ses parents et ses amis, « plus critiques que les parents car ils n’hésitent pas à me dire quand je les ennuie.»
Après une dizaine de minutes convaincantes, Yanis est sorti de scène « soulagé.» Au final, il a terminé deuxième, derrière une jeune fille, originaire de Civray, seulement âgée de 14 ans ! « Nous avons beaucoup hésité entre eux, s’excuse presque Emmanuel Thiébot. Mais Yanis n’est qu’en première, donc je lui ai dit de retenter l’an prochain.» La lauréate, Eponine Magnan, participera à la finale à Caen, le 31 janvier prochain, devant près de 2000 personnes. Yanis, un peu déçu, relativise : « j’ai vécu un moment formidable. C’est une expérience extraordinaire.» •

OSF

Photo : Hier, le lycéen bordelais Yanis M’Zali a terminé à la deuxième place du concours © OSF