Une fois n’est pas coutume, la cible de Trans’Cub n’est pas la Cub mais le Conseil Régional d’Aquitaine. Hier, l’association de « défense des consommateurs », soutenue par Aquitaine Alternatives et l’association « Talence Gare Multimodale », a profité de la fin de l’enquête publique pour dénoncer le projet de « triangle des échoppes.»

Celui-ci consiste à créer une voie de raccordement qui permettrait d’accéder à la gare de Pessac depuis la ceinture ferroviaire de Bordeaux, le chemin de fer qui relie le Médoc à la gare Saint-Jean. « Ce projet est injuste et inutile, tonne Denis Teisseire, le président de Trans’Cub. Il est prévu de mettre en place dix allers-retours par jour entre Macau et Pessac. Aux heures de pointe, on supprimerait les dessertes vers la gare Saint-Jean pour aller à Pessac. Les usagers, qui sont nombreux à aller vers la gare Saint-Jean, ne pourraient plus le faire durant ces heures là. Donc on perdrait davantage d’usagers que l’on n’en gagnerait en desservant Pessac, c’est à dire une petite poignée. Ce projet, c’est du perdant-perdant ! On perd des usagers et on perd 23M€, soit le coût prévu pour la réalisation de la bretelle permettant d’aller à Pessac. C’est un gaspillage d’argent public pour rien.»



Un « conflit d’intérêt » ?

Les trois associations ont donc déposé hier, en mairie de Pessac, un dossier de 11 pages expliquant pourquoi ce projet de « triangle des échoppes » est inepte à leurs yeux. Pour Trans’Cub, si ce projet est dans les cartons, c’est parce qu’un seul homme pousse dans ce sens : « ce projet est porté par Alain Rousset, le président du Conseil Régional d’Aquitaine et député de Pessac, affirme Denis Teisseire. Il ne se justifie donc que par l’intérêt personnel que Alain Rousset, en tant que député élu à Pessac, à faire plaisir à ceux qui votent pour lui au détriment de tous les Aquitains. Donc il y a un énorme conflit d’intérêt.»

Plutôt que de créer une bretelle vers Pessac, Trans’Cub propose une alternative que Denis Teisseire estime moins coûteuse et plus adaptée à la situation : « la gare de la Médoquine est déjà sur la ligne Médoc-Gare Saint-Jean, explique-t-il. Il n’y aurait pas besoin d’une nouvelle infrastructure. Il suffirait de la remettre en service et ça rendrait un meilleur service aux usagers du Médoc, car ils auraient accès à Pessac, mais aussi au centre-ville, au Campus et au CHU. Et ce serait aussi valable pour les voyageurs qui viennent d’Arcachon, qui sont bien plus nombreux.»

Pour l’élu chargé des transports au Conseil Régional, Patrick Duffau de Lamothe, « opposer le projet de triangle des échoppes et celui de la Médoquine est contre-productif.» « Le projet des échoppes date de 2006, ce n’est pas nouveau, poursuit-il. Il a un intérêt car il desservira aussi des zones industrielles à Pessac, Mérignac et Bruges. Il y aura aussi, grâce à ce triangle, la possibilité de rallier le Bassin d’Arcachon et le Médoc. Et les dessertes depuis le Médoc vers la gare Saint-Jean seront maintenues. Ce qui est important, c’est que le financement est bouclé et que RFF (Réseau Ferré de France) participe même à hauteur de 4,9M€. Le cas de la Médoquine va faire l’objet d’une étude de RFF et une autre de la CUB. On verra à ce moment là et à titre personnel, je pense que les deux se feront.» •

OSF

Photo : Trans’Cub préconise de remettre en service la gare de la Médoquine © EM