En 2014, la ville de Pessac va continuer à emmagasiner de la monnaie ! Et pour cause, hier, Christophe Beaux, PDG de la Monnaie de Paris, a inauguré un nouveau bâtiment de stockage des euros sur l’usine du site girondin.


Ce nouveau hangar de 600 m2 permettra à l’usine d’étendre sa capacité de stockage de pièces. « Au total, la Monnaie de Paris peut aujourd’hui stocker 800 millions de pièces d’€ pour la Banque de France mais aussi des monnaies étrangères », explique le PDG. « L’avantage, c’est que l’on propose à nos clients une forme de stockage de pièces sans les obliger à prendre la marchandise tout de suite. S’ils ne souhaitent pas récupérer en une seule fois toutes leurs pièces - qui peuvent représenter plusieurs années de consommation -, on leur propose de faire un stock-tampon et de les livrer au fur et à mesure de leurs besoins ». 



1500 millions de pièces frappées


De la découpe jusqu’au conditionnement final des pièces, le site de la Monnaie de Paris de Pessac s’emploie à fabriquer des pièces de monnaie depuis 1973. « Dans le coin, certains appellent même cette institution ‘la monnaie de Pessac’ », rigole Christophe Beaux. En 2012, environ 1500 millions de pièces courantes ont ainsi été frappées par la Monnaie de Paris dans son usine de Pessac. De quoi donner le tournis !
 Le site effectue aussi des opérations de destruction de pièces, « par exemple lorsqu’un client estime qu’il a des stocks de pièces excédentaires ou usagées. Celles-ci reviennent alors à l’usine et sont dénaturées ; on les cisaille de manière à leur ôter toute valeur, puis on les envoie ailleurs pour recycler au maximum le métal ». A titre d’exemple, une pièce de 1, 2 ou de 5 centimes d’€ dure plusieurs années , tandis qu’une pièce de 1 ou 2€ a une « durée de vie pratiquement éternelle. En revanche, les billets de 5€ sont changés tous les six mois, il vaudrait mieux fabriquer des pièces de 5€, car sur l’ensemble des Etats membres de la zone euro, cela permettrait de réaliser une économie de 10 milliards d’€ », explique Christophe Beaux.



Des clients internationaux


Si la Monnaie de Paris exerce une mission régalienne de frappe de monnaie courante pour les euros français, elle compte aussi sur sa quarantaine de clients étrangers pour maintenir sa bonne santé. « On livre par exemple en Amérique latine, en Uruguay, au Guatemala, en Afrique, en Asie, où l’on fabrique notamment des pièces au Bangladesh ou en Thaïlande, ou au Moyen-Orient », précise Christophe Beaux. « Sur nos 60 milliards d’€ de chiffre d’affaires, un tiers va a l’export et la partie pour la France va continuer à diminuer car nous devons gagner des nouvelles parts de marché sur le plan commercial ». Mais le contexte concurrentiel international est rude. Dans ses meilleurs jours, le site pessacais, qui emploie environ 200 salariés, est déjà parvenu à « réaliser 3 milliards de pièces par an mais aujourd’hui, nous en fabriquons 1,5 milliard par an. On est à moitié moins de notre capacité de production maximale. Enrichir notre offre avec cette nouvelle prestation de stockage peut donc nous permettre d’être plus compétitif ». Reste que si le site girondin investit environ deux millions par an pour se développer et améliorer notamment ses machines de production, « face au dumping des concurrents», il se doit d’ « être vigilant» sur ses « coûts de production ». Par conséquent, « on ne remplacera pas certains départs en retraite » et il faudra compter sur 
« une diminution de 10% des effectifs à Pessac à l’horizon 2015. •

EM

Photo : © Monnaie de Paris