Donné largement vainqueur des prochaines élections municipales de Bordeaux dans les sondages, Alain Juppé depuis le début de la campagne se méfie de son challenger socialiste, Vincent Feltesse. Et le débat d’hier soir, organisé par Sciences-Po et nos confrères du journal Sud-Ouest, lui a donné raison. Le maire sortant a en effet dû faire face à la véhémence plutôt efficace du président de la Cub.

Pendant deux heures, plusieurs étudiants de l’établissement se sont succédés pour questionner les deux candidats sur divers sujets (cumul des mandats, transports, culture, etc.) dans un amphithéâtre plein à craquer.
Si le maire sortant UMP et son challenger socialiste ont déroulé leurs propositions de campagne sans s’engager ou se positionner sur de nouveaux dossiers, certains sujets abordés ont cependant provoqué plus d’électricité que d’autres. Au début du débat, Alain Juppé a semblé un peu plus à l’aise et décontracté que son opposant mais Vincent Feltesse a petit à petit montré avec efficacité sa parfaite maîtrise des dossiers, jusqu’à parvenir à destabiliser légèrement son adversaire UMP. On a ainsi vu ce dernier chercher ses mots à plusieurs reprises et oublier le nom d’un boulevard.  « Je peux vous faire visiter Bordeaux si vous voulez » a ironisé Vincent Feltesse en retour.

La gestion de la Cub sur le tapis
Sur les thèmes évoqués, l’administration de la communauté urbaine de Bordeaux a occupé une large place dans le débat. D’un côté, l’actuel président de la Cub a mis en avant quelques grands dossiers menés sous sa mandature pour crédibiliser son action en tant que président de cette collectivité (son allocution « Moi, président  » a d’ailleurs fait rire l’assistance). Ce à quoi Alain Juppé n’a pas tardé à réagir en rétorquant avoir été « co-auteur de ce que la Cub a fait » et en qualifiant la co-gestion qui régit le fonctionnement administratif de la Cub de « réussie et efficace ».

La culture, objet de discorde
Sur la culture, la tension est montée d’un cran entre les deux candidats qui, tout au long du débat, ont affiché chacun une posture différente: Vincent Feltesse s’est souvent tourné vers son équipe de campagne au rang de laquelle se trouvait notamment Michèle Delaunay, qui a eu « du mal à garder le silence », dixit Alain Juppé. Le maire de Bordeaux, lui, a affiché une attitude plus posée. Il s’est dit «  fier de la politique culturelle de Bordeaux  », citant la réussite d’événements comme Evento et louant « certains équipements culturels ayant une vocation régionale comme le TnBa ou l’Opéra ». Déplorant de son côté « une absence de soutien à beaucoup de structures culturelles locales », le candidat socialiste a répondu de manière critique: « Un élu ne peut pas tout réussir, la politique culturelle fait partie des grands brûlés de la municipalité ». Passé un accrochage entre les deux hommes sur l’avenir du stade Chaban Delmas (le candidat UMP voulant le « transformer en plaine des sports » et le candidat socialiste voulant y voir jouer l’UBB), il aura fallu attendre les dernières minutes du débat pour mettre les deux hommes (légèrement) d’acccord sur un point : tous deux s’engagent à tout faire pour ne pas augmenter les impôts locaux • EM

Photo : Les candidats à la mairie de Bordeaux ont répondu aux questions des étudiants pendant 2 heures © EM