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Il attaque La Poste pour « licenciement abusif » PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 29 Janvier 2014 07:00

Depuis le 10 janvier, Jonathan Lacampagne est au chômage. Après huit années passées au service de La Poste, entre CDD maintes fois renouvelés et une mission d’intérimaire, ce jeune homme de 26 ans a été licencié alors qu’il venait de signer un CDI six semaines auparavant.

L’ascenseur émotionnel a été vertigineux, voire quelque peu cruel. « Je suis fils de postier et j’ai commencé à la Poste à 18 ans, explique-t-il. J’assurais une mission en intérim de guichetier depuis janvier 2013 quand j’ai appris en octobre que des CDI seraient à pourvoir dans le cadre d’une campagne de "déprécarisation" des intérimaires par La Poste. J’ai passé un examen écrit et un entretien et j’ai fait partie des quatre personnes retenues sur seize candidats.»
La joie de Jonathan, pour qui « travailler pour La Poste a toujours été un objectif car j’adore ce boulot », était immense mais elle a été de courte durée : « J’ai signé le CDI début décembre et j’ai intégré le bureau de Talence où tout s’est très bien passé pendant un mois et demi. Puis le 10 janvier, en fin de journée, le responsable m’a convoqué dans son bureau. Il m’a dit qu’il mettait fin à ma période d’essai sous prétexte que je n’étais pas assez investi dans le bancaire. ça a été très rapide, pas plus d’un quart d’heure. Il n’y avait eu aucun signe précurseur.» Une pilule difficile à avaler pour le jeune homme : « le plus choquant psychologiquement, c’est qu’on m’a proposé un CDI, que j’ai passé et réussi les tests et que je l’ai signé. A ce moment là, j’ai fait des projets comme officialiser l’union avec ma femme ou construire une maison, et du jour au lendemain, tout s’arrête et il faut repartir de zéro. Je suis abasourdi.»



Une plainte aux prud’hommes

Poussé par des collègues choqués par sa mésaventure, Jonathan a pris contact avec le syndicat Sud PTT, qui va déposer plainte pour licenciement abusif devant les prud’hommes : « Jonathan travaillait bien, il n’y avait jamais eu de reproche, affirme Bernard Lavorel, le représentant du syndicat. Du point de vue du droit, il n’aurait pas dû avoir de période d’essai car le code du travail précise qu’à partir du moment où l’on a été intérimaire avant le CDI, cette ancienneté est reprise. Cette période d’essai n’avait pas lieu d’être. (...) Jonathan est l’exemple de tous ces intérimaires dont se sert La Poste comme bouche-trou en leur faisant miroiter un CDI et que l’on jette comme des Kleenex. C’est scandaleux car notre société va bien, elle fait des bénéfices.»



Pas le profil ?

Pour Nathalie Brossier-Coutoula, directrice adjointe de La Poste en Gironde, Jonathan « n’a pas démontré, après un mois, sa capacité à répondre à tous les attendus de ce poste. (...) Le poste de guichetier est complexe. Il faut renseigner les clients sur quatre métiers : le courrier, les colis, La Poste mobile et la banque. Notre niveau d’exigence est différent vis à vis d’un intérimaire ou d’un CDI.»
Selon La Poste, malgré dix mois en intérim et sept années à multiplier les CDD, cette non-compatibilité de profil n’avait jusqu’alors pas été décelée. « Le recrutement n’est pas une science, reprend Nathalie Brossier-Coutoula. Même si on fait passer des épreuves écrites et orales, c’est quand on a la personne sur le site qu’on peut vérifier si elle est en capacité d’appréhender l’ensemble de nos attendus.»

En Gironde, La Poste affiche un taux de précarité de 3,2% sur un effectif de 1100 salariés. •

OSF

Photo : Jonathan Lacampagne (en bas à gauche) a été licencié par La Poste 6 semaines après avoir signé un CDI © OSF - DR

 

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