L’immense salle située au rez-de-chaussée du Palais des Congrès de Bordeaux-Lac sonnait légèrement creux, samedi, pour la venue de Marine Le Pen. Seules 900 personnes avaient fait le déplacement d’après les organisateurs, qui affirment qu’ils n’attendaient pas plus de monde car il ne s’agissait pas d’un meeting à proprement parler mais d’une « réunion-rencontre » destinée à « soutenir la liste Bordeaux Bleu Marine » – et probablement aussi à collecter des fonds : l’entrée coûtait 10€.

Un public militant
Plus que de simples sympathisants, les spectateurs étaient donc de fervents soutiens du parti. Certains de longue date comme Jean-Pierre, passé « de Mitterrand au FN en 83 », ancien maire-adjoint d’une commune de la CUB (qu’il n’a pas souhaité nommer), ou plus récents comme Arnaud, 28 ans, qui votait auparavant UMP avant de prendre sa carte au Front National l’an dernier, par « ras-le-bol de tout et surtout de ceux qui profitent trop du système », pour lesquels il ne veut plus payer.
C’est le leitmotiv dans le public, « le gaspillage des impôts alors que les caisses sont vides » et son corollaire dans tous les esprits : « ces immigrés qu’on laisse entrer alors qu’il n’y a plus de boulot en France.»
Commentaire également très répandu, le « sentiment d’insécurité » éprouvé par les personnes âgées comme Céline. Après son cambriolage à Mérignac, les policiers lui auraient dit : « cette façon de procéder, ce ne sont pas des Français.»

« L’UMPS favorable à la grande mosquée »
Les impôts sont le premier thème abordé dans son discours par Jacques Colombier, tête de liste FN à Bordeaux : « les impôts locaux y sont 37% plus élevés que dans des villes de même taille », débute-t-il, avant de rappeler qu’Alain Juppé est « le champion de France en matière de frais de missions des élus.»
Vincent Feltesse, le député et candidat socialiste, en prend également pour son grade, lui qui a versé « 50.000€ de sa réserve parlementaire pour le projet de grande mosquée » - une remarque qui soulève des huées dans la salle. Face à ce « projet complètement fou de centre islamique de 7000 mètres carrés, derrière lequel se cachent les Frères musulmans », souligne Jacques Colombier, « Juppé et Feltesse sont soudés comme une paire de babouches.» 

Des spectateurs ravis
Puis c’est l’arrivée sur la petite estrade de Marine Le Pen, qui déroule ses thématiques habituelles pendant une vingtaine de minutes : le laxisme et l’hypocrisie du pouvoir en place, « l’UMPS du côté des puissants » tandis que le Front National est lui « du côté du peuple », « sensible à la détresse des Français » soumis à « l’austérité et l’hyper-fiscalité » pour « engraisser les marchés financiers.»
Avant de partir, Marine Le Pen prendra le temps de signer des autographes et de se laisser prendre en photo. Les militants sont ravis : une fois de plus, « elle a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas.» •

Anne Chaput

Photo : Marine Le Pen, samedi dernier au palais des Congrès de Bordeaux © AC