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Un « lent effacement » de la culture PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 11 Février 2014 07:00

En temps de crise, la culture, réduite au rang d’aimable divertissement, est toujours l’un des premiers budgets dans lesquels les administrations décident d’effectuer des coupes drastiques. Cette réalité, qui s’applique à l’ensemble du territoire, les professionnels girondins du spectacle y sont soumis depuis plusieurs années. Hier, dans le cadre d’un mouvement national, une petite centaine d’entre eux a défilé dans le centre-ville de Bordeaux pour « rencontrer les citoyens et les alerter sur notre situation.»

« C’est l’ensemble du champ de la culture qui est touché, s’alarme Framboise Thimonier, déléguée régionale du SYNPTAC-CGT, le Syndicat National des Professionnels du Théâtre et des Activités Culturelles. Ce sont les intermittents mais aussi les techniciens, les artistes et cela se ressent dans l’art contemporain, les théâtres, la musique, le cinéma mais aussi les bibliothèques ou les musées. Notre budget représente 20 km d’autoroute mais ce sont des milliers d’emplois. Il y a des annulations de spectacles, de festivals... C’est un lent effacement, le résultat de 10 ans de politiques désastreuses.»



La précarité des intermittents

Si aucun des acteurs du monde culturel n’est épargné, les intermittents du spectacle sont en première ligne. Pour pouvoir conserver ce statut, les artistes et techniciens doivent effectuer un minimum de 507 heures en une grosse dizaine de mois. Mais dans un contexte où les événements culturels, de moins en moins subventionnés, se raréfient, les opportunités de travailler sont également moins nombreuses et l’inquiétude grandit... « C’est un métier très précaire et instable, souffle Orianne Block, intermittente en tant que chargée de production. Une réforme envisage d’augmenter le nombre d’heures à réaliser et pour moi, en tant que chargée de production, je pourrais dire au revoir à mon métier. Je vis de ma passion, je suis attachée à mon métier mais c’est déjà difficile de faire 507 heures... On a envie de se battre mais nous sommes inquiets.»

Artiste de rue, Julie Belval a perdu durant une année son statut d’intermittente pour n’avoir pu atteindre ces fameuses 507 heures. « Je touchais environ 400€ par mois, raconte-t-elle. J’ai été obligée de trouver un travail qui n’avait rien à voir. Ce n’est pas évident.»



« Sans culture, l’esprit s’appauvrit »

Hier, les intermittents n’étaient pas les seuls dans la rue. De nombreux permanents étaient à leur côté, à l’image de Jean Bataillon, violoncelliste à l’ONBA. « D’années en années, soit les subventions sont gelées, soit elles diminuent, regrette-t-il. Le premier indicateur du mal-être d’une société est quand on constate que la culture va mal. Pourtant, les salles sont remplies donc cette situation ne vient pas du public. Sans culture, l’esprit s’appauvrit, il n’y a plus de liberté, de réflexion sur la société. C’est fondamental.» « L’art a toujours incité le peuple à réfléchir, à observer la vie quotidienne d’un point de vue critique, appuie Julie Belval. Je suis dans le rêve, dans l’imagination, et ce sont des choses dont on a besoin pour avancer. L’appauvrissement de la culture risque d’entraîner un manque énorme.»

Hier, les manifestations organisées partout en France avaient pour objet de s’opposer à de nouvelles baisses des aides accordées à la culture. Une demande relayée par Aurélie Filippetti, la ministre de la culture, qui a affirmé que son ministère a « plus participé que les autres à l’effort de réduction des dépenses publiques » et a donc « fait (son) effort. (...) Dans une société moderne, on a besoin d’économie, d’emplois, et on a besoin aussi de culture. La culture crée des emplois et de la richesse économique.» •

OSF

Photo : À Bordeaux, une petite centaine de personnes a défilé hier midi dans le centre-ville © OSF

 

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