Depuis le 1er janvier, la ville de Bordeaux fait partie des neuf sites pilotes retenus en France pour l’expérimentation du dispositif PAERPA. Derrière cet acronyme, qui signifie « parcours de santé des Personnes Âgées En Risque de Perte d’Autonomie », se cache l’épineuse question de la détection puis de la prise en charge des personnes âgées susceptibles de ne plus être en mesure de s’assumer.

Un problème prégnant dans une société française où les 75 ans et plus représentent aujourd’hui, selon l’INSEE, plus de 9% de la population, et devraient atteindre 11% en 2025, 16% en 2050 et environ 12 millions de personnes en 2060.



Coordonner les actions

Ce projet est porté par la ministre bordelaise des personnes âgées et de l’autonomie, Michèle Delaunay. Si la capitale girondine a été retenue pour tester ce dispositif, c’est notamment parce que « beaucoup de choses sont déjà réalisées à Bordeaux.» « L’opération "bien vieillir au grand parc" faisait déjà du PAERPA avant l’heure, sourit-elle. Le travail réalisé par le Conseil Général, la ville et les professionnels de santé permettait déjà de constituer un réseau.»

Mettre en relation les différents acteurs, favoriser la détection d’une perte d’autonomie et accompagner les personnes concernées, ce sont les missions essentielles du PAERPA : « le constat actuel, c’est que les interventions sont efficaces mais trop segmentées, explique Michel Laforcade, le directeur général de l’Agence Régionale de Santé en Aquitaine. Le but, c’est de coordonner l’action des différents intervenants et mettre l’accent sur la prévention de l’entrée dans la dépendance à travers une veille, afin de sentir les premiers signes avant-coureurs. Ensuite, il faut aller dans une logique de parcours, c’est à dire éviter les ruptures dans ce parcours.»



Des mesures concrètes

Au-delà de la mise en réseau et des échanges entre professionnels de santé, plusieurs mesures concrètes permettront progressivement une montée en puissance du PAERPA.

Dès le mois de juin, six infirmiers assureront une veille de nuit auprès des 25 EHPAD de Bordeaux. Ils disposeront également d’une chambre d’accueil d’urgence : « il s’agit d’éviter les hospitalisations inopportunes, reprend Michel Laforcade. Quand une infirmière est sollicitée, cela permet souvent d’éviter l’hospitalisation.»
Autre exemple : grâce à une grille d’évaluation, les médecins généralistes pourront détecter précocement si la personne présente les signes avant-coureurs d’une entrée en dépendance : « il y a quatre ou cinq questions pour savoir si la personne a par exemple des idées noires ou si elle n’est pas trop isolée, poursuit le directeur de l’ARS. Ce sont des choses simples qui sont prédictives de l’entrée en dépendance.»
Autre mesure, la création d’une unité d’évaluation à domicile pluridisciplinaire destinée à établir un diagnostic des conditions de vie de la personne d’un point de vue architectural, nutritionnel, ou encore au niveau du lien social ou des besoins psychologiques.

A Bordeaux, 19 200 habitants âgés de 75 ans et plus sont concernés par cette phase expérimentale du PAERPA, prévue pour se dérouler sur trois ans. Le budget alloué à cette étude grandeur nature est de quatre millions d’euros. Si les résultats, dans la capitale girondine et sur les huit autres sites français, sont concluants, l’opération sera alors étendue à l’ensemble du territoire national. •

OSF

Photo : 19 200 Bordelais de plus de 75 ans testent un nouveau dispositif d’accompagnement © ARCHIVES RE