C’est bien connu, l’approche d’échéances électorales a souvent ce don incroyable de faire avancer des sujets difficiles qui traînent depuis longtemps au fond des tiroirs. C’est le cas de la desserte de l’aéroport de Mérignac pour laquelle les idées et prises de position se multiplient ces derniers temps.

Se présentant face au maire sortant de Bordeaux Alain Juppé, le président de la Cub, Vincent Feltesse, propose deux projets de liaisons rapides entre l’aéroport et le centre de Bordeaux, afin d’obtenir un temps de parcours avoisinant les 30 minutes, contre près d’une heure aujourd’hui.

Une extension du tram A
Le Président de la Cub propose l’extension de la ligne A du tramway jusqu’à l’aéroport de Mérignac à l’horizon 2018/2019, en la qualifiant de « priorité absolue ». Une proposition à laquelle s’accorde le maire de Bordeaux. Mais en alternative à ce dispositif, la Cub réfléchit aussi à la mise en service d’un Bus à Haut Niveau de Service (sur une voie dédiée). « Nous préférons l’extension de la ligne A du tram, mais à condition qu’elle ne dégrade pas la qualité de services à Mérignac Centre », avance Vincent Feltesse, qui ne tranche pas entre les deux projets. Reste que les coûts peuvent jouer dans la balance finale : compter 105M€ pour l’extension du tram A sur 4,7 km (pour une desserte vers l’aéroport en 52 minutes depuis la Gare Saint-Jean) contre 52,7M€ pour l’option BHNS qui permettrait de mieux desservir la zone d’emploi de Mérignac. « Un tramway, cela fait longtemps qu’on en parle. Ce mode serait meilleur qu’un BHNS mais cela coûte cher » avance, de son côté, Pascal Personne, directeur de l’aéroport de Mérignac.

Un Bluetram et une navette
En attendant l’éventuelle mise en place de cette extension à l’horizon 2018/2019, le Président de la Cub a aussi repris l’idée d’une expérimentation du Bluetram, évoquée par l’industriel Vincent Bolloré lors de l’inauguration du système Blue Cub. Celle-ci pourrait être mise en place beaucoup plus tôt, à savoir dès 2015, à l’occasion du congrès mondial ITS qui réunira les spécialistes du transport intelligent. « Il s’agirait d’une navette électrique fonctionnant avec des batteries qui se rechargent de station en station.» Et selon lui, l’industriel financera le projet. Proposé à la place de la navette Jet Bus actuelle, ce dispositif, jugé « innovant » par Pascal Personne, relierait l’aéroport à Bordeaux-Centre en 30 à 40 minutes.
Enfin, Vincent Feltesse se positionne aussi pour l’amélioration de la liaison « aéroport - gare Pessac Alouette  » en bus pour relier ensuite la Gare Saint-Jean en train en huit minutes. « Une billetique unique serait proposée entre l’offre TER et l’offre Bus », avance ce dernier. 

Une zone en développement
Faut-il voir en ces propositions un coup de la Cub pour créer le buzz en vue des prochaines élections  ? Pascal Personne estime en tout cas que la collectivité « a fait beaucoup d’efforts pour rendre accessible l’aéroport : la liane 1 offre un excellent cadencement et le Jetbus fonctionne bien ». Le dirigeant, se dit « satisfait que l’aéroport soit perçu comme un pôle économique majeur, qui participe aux grands enjeux de la métropole bordelaise ». Un avis partagé par Alain Anziani pour qui « l’amélioration de la desserte de l’aéroport dépasse les enjeux des municipales car elle concerne toute l’agglomération ». « Cette desserte sera une colonne vertébrale qui appuiera l’attractivité de la zone aéroportuaire, car celle-ci constitue l’entrée de la future métropole », avance Marie Recalde, députée de la Gironde et adjointe au maire de Mérignac. Reste à savoir si ces propositions se transformeront ou non en vrai projet • EM

Photo : Plusieurs modes de transport sont à l’étude pour mieux desservir la zone aéroportuaire © Anthony Rojo