|
À moins de trois semaines des élections, Philippe Poutou ne veut rien lâcher.
Avant-hier, le candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste présentait la liste qu’il conduira communément avec les Rouges Vifs aux municipales de Bordeaux. Parmi ses 60 collistiers, « il y a 10% de chômeurs, des retraités, des ouvriers d’usines, des manutentionnaires, des infirmiers, des professeurs, bref des gens normaux, mais pas de patron ni actionnaire », s’amuse à préciser Philippe Poutou, épaulé par Isabelle Larroquet (NPA) et Régis Saphores (RV). « La moitié sont des militants, la moyenne d’âge est de 45 ans. »
« L’objectif n’est pas de gagner »
S’il n’est « pas là pour gagner la mairie de Bordeaux », l’ouvrier syndicaliste de l’usine Ford de Blanquefort et son équipe espèrent cependant « atteindre les 5 % de votes et avoir un ou deux élus au conseil municipal si Juppé passe au 1er tour. On voudrait créer l’événement, on a une chance. Cela nous permettrait de continuer à défendre les luttes des salariés, à être les portes-paroles des démunis, de porter leurs revendications et de proposer une alternative aux politiques libérales de droite mais aussi à celle qui est menée actuellement par le gouvernement socialiste », avance le militant de 47 ans. Un challenge qui lui paraît « réalisable » au vu de « la situation économique et sociale actuelle où, au niveau national comme à Bordeaux, c’est encore les classes riches qui s’en sortent bien et la population qui paye la crise. » Pour tenir son objectif, le Girondin mise aussi sur sa notoriété publique, gagnée depuis sa candidature à l’élection présidentielle de 2012, où il n’avait pourtant totalisé qu’ 1,15 % des voix au 1er tour. Ce qui ne le décourage pas. Lui et son équipe se disent d’ailleurs bien reçus depuis qu’ils sont en campagne, que ce soit via leurs réunions publiques, leurs distribution de tracts ou leurs rencontres sur les marchés. « Des gens sont déboussolés par la politique actuelle et veulent se battre; on les rencontre, c’est avec eux qu’on construira quelque chose », note Isabelle Larroquet.
Un manque de logements sociaux
Dans son programme, Philippe Poutou souhaite renforcer les services publics bordelais (crèches, transports collectifs, etc) et déplore le fait qu’il n’ y ait « que 16% de logements sociaux alors qu’il en faudrait 25 %. » D’autant plus qu’ « il y a une liste d’attente pour 15 000 logements à Bordeaux, selon Régis Saphores, alors que la Cub compte 22 000 logements vides. » Les anticapitalistes veulent aussi l’arrêt de projets coûteux, comme celui du Grand Stade, estimé à 180 M€, « un exemple d’inutilité », juge Philippe Poutou. « Il faut arrêter les partenariats public-privé PPP qui concernent plusieurs projets, dont celui du grand stade, mais aussi de la Cité du Vin ou de la Cité municipale », lance Régis Saphores. « Si jamais il advenait que la société privée qui finance le grand stade faisait défaut, c’est 75 M€ que les Bordelais devront se manger en terme de fiscalité !», lance Régis Saphores. « On peut redistribuer l’argent autrement, mettre plus d’infrastuctures sportives dans les quartiers pour répondre aux besoins des habitants », propose Philippe Poutou. Enfin, le NPA et les Rouges Vifs veulent « une culture accessible à tous et aider le travail associatif dans les quartiers avec plus d’éducateurs », affirme le syndicaliste, qui poursuit sa campagne avec un meeting prévu ce vendredi soir à l’Athénée municipal • Emeline Marceau
Photo : Philippe Poutou conduit la liste «Bordeaux, rouge et anticapitaliste» aux élections municipales © EM |
