Chaussez vos lunettes et laissez-vous entraîner dans une aventure pas comme les autres : le « Voyage au centre de la terre » de Jules Verne prend une nouvelle dimension au Théâtre du Pont tournant en format ciné-théâtre… 
en 3D ! Une première mondiale, dès ce jeudi,
 qui fait déjà beaucoup parler d’elle, et les places commencent à partir comme des petits pains en cette période de fêtes.

Si on connaît tous, plus ou moins, l’aventure imaginée par Jules Verne en 1864, par ses adaptations au ciné notamment, le ciné-théâtre 3D, ça, c’est complètement nouveau. Qu’es aquo ? Un savant dosage alternant des scènes tournées sur fond 3D projetées sur un rideau transparent, et de théâtre joué derrière ce rideau, sur lequel les décors 3D continuent d’être projetés. 



Bluffant

Le résultat est d’autant plus bluffant que ces décors sont inspirés des planches d’illustrations du livre original de Verne, signées Édouard Riou. « Cela faisait un bon moment qu’on avait cette idée en tête avec Stéphane Alvarez [directeur artistique du théâtre et metteur en scène] – cinq-six ans peut-être, et les débuts du succès du cinéma en relief », se souvient Olivier Sir John, interprète de Hans, le guide islandais qui conduira le Pr Lidenbrock (Jean Bedouret) et son neveu Axel (Thierry Rémi) dans les entrailles de la planète. L’homme signe aussi la musique (enregistrée par le Quatuor Evoé) et les dessins. 


« Ce livre s’y prêtait vraiment bien avec ses gravures qui ont marqué l’inconscient collectif de générations entières, reprend Sir John. Mais il y en a peu, une dizaine seulement. Pour la partie film comme pour les décors, il a fallu s’en inspirer pour en dessiner 200 en tout. Ensuite, il a fallu faire tourner les comédiens sur fond vert avant de recréer la 3D par le procédé des anaglyphes, le plus vieux système de restitution de relief qui date aussi du XIXe siècle, une 3D qu’on regarde ensuite avec des lunettes à verres rouge et bleu*. » 


20 semi-remorques sur une clé USB

Quinze jours de tournage, deux mois de post-production, un gros travail de plateau afin que les comédiens s’insèrent parfaitement dans le décor… Et, en amont, un exercice conséquent d’adaptation par Stéphane Alvarez. « Ce spectacle, on l’a voulu aux antipodes des productions hollywoodiennes, explique ce dernier. Comme notre décor est fidèle, le texte devait l’être aussi. On a donc conservé le phrasé particulier de Jules Verne, ses expressions, le vocabulaire scientifique de l’époque… Mais centré la pièce sur l’aventure – les dinosaures, la bataille des monstres marins, la tempête, la rencontre avec le géant… – pour faire tenir les 400 pages en 1h15. Ainsi, il y a ce côté ludique, divertissant, qui séduira toute la famille, tout en gardant l’aspect littéraire pour respecter les puristes. »


Pour le petit théâtre de Bordeaux Nord, ce spectacle représente un gros investissement – un « gros risque », confirment Sir John et Alvarez en chœur. Mais les opportunités de diffusion s’annoncent très bonnes : Avignon et Paris en ligne de mire l’an prochain, déjà un bon nombre de préachats dans l’Hexagone et des dates à venir en Belgique, en Suisse, à Montréal et à Los Angeles (la pièce pouvant être surtitrée facilement). Et si le succès est effectivement au rendez-vous, un horizon de perspectives s’ouvre à l’équipe : « Avec ce procédé, on peut tout imaginer, souligne Stéphane Alvarez. Pour faire de tels décors en dur, il faudrait 20 semi-remorques ; avec ce procédé, tout tient sur une clé USB ! »


En attendant, ça démarre demain, ici, à Bordeaux. Soyez les premiers à embarquer ! •

Sébastien Le Jeune

* Lunettes fournies.

Du 18 au 31, tous les jours sauf lundis, 20h20 sauf dimanches à 16h, le 25 à 18h, le 31 à 18h et 21h, 15-25€.

Tél. 05 56 11 06 11. www.theatreponttournant.com 

Photo : Si vous retrouvez chez vous de vieilles lunettes rouge-bleu, essayez ce saisissant effet de relief. © Théâtre du Pont tournant