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Kollodion ? Késako ? Pierre Wetzel explique son expo pour les 25 ans du Krakatoa PDF Imprimer Envoyer
Vendredi, 06 Mars 2015 06:00

Ce vendredi, s’ouvre à la médiathèque de Mérignac l’exposition « [K]ollodion », une soixantaine de portraits d’artistes et techniciens réalisés pour les 25 ans du Krakatoa par le photographe Pierre Wetzel à l’aide d’un procédé ancestral : l’ambrotype ou “collodion humide sur plaque de verre”. Entretien.


 

D’où vous est venue l’idée ? Une envie 
personnelle ? Une demande du Krakatoa ? Ou un peu des deux ?

C’est un mélange des deux. Les premiers tâtonnements remontent à février dernier – un défi né de ma passion pour toutes les formes de prises de vue et d’une envie de changer de mon travail classique. Quand Didier Estèbe, le directeur du Krakatoa (pour lequel je réalise les photos de concerts), a vu le résultat, ça lui a plu tout de suite, alors on s’est mis d’accord pour en faire quelque chose de systématique, prendre des photos d’artistes et de techniciens chaque soir de concert jusqu’à cette exposition ouvrant le mois d’anniversaire de la salle.

C’est une technique très ancienne. Elle est encore beaucoup utilisée ?

Oui, son invention remonte à 1851, pour être précis. Jusqu’alors, on utilisait des daguerréotypes, dont le temps de pose était incroyablement long – entre une et 24 heures ! Ce qui interdisait quasiment son emploi pour les portraits. Le collodion est arrivé, avec son temps de pose réduit à 5-20 secondes en lumière artificielle, autour d’une seconde en grande lumière naturelle. Jusqu’à l’amélioration des procédés secs, il a eu son heure de gloire une bonne trentaine d’années. Quelques Américains l’ont dernièrement remis au goût du jour mais je ne pense pas que l’on soit très nombreux en France à en faire, hormis quelques passionnés.


C’est que le procédé est très contraignant. Il faut que la plaque de verre reste mouillée tout du long : impossible de faire quelques prises de vue dans la journée pour les révéler plus tard, ce qui implique d’avoir toujours son labo à proximité – comme au Krakatoa qui a mis à ma disposition un lieu dédié. Et il faut compter 20 à 30 minutes par image, entre la préparation du verre, l’application du collodion, le trempage dans le nitrate d’argent… Puis la mise en scène, la mise au point… Et le passage ensuite au révélateur et au fixateur… Pas question de faire 50 fois la même ! Pour cette raison, certaines comportent de petites erreurs techniques (à mes yeux) mais je trouve que ça fait justement partie de leur charme. 



Le rendu est toujours assez exceptionnel…

Tous les artistes qui ont participé ont été ravis et ont trouvé ça génial. Il faut dire qu’à chaque fois je préparais le terrain avec une mise au point test avec un sujet témoin. Et qu’ensuite je les invitais à venir assister au développement. Il y a cette immédiateté qui en fait un peu le “Polaroïd” de l’époque. Beaucoup ont halluciné sur le résultat, me disant que ça aurait pu être une photo de leur grand-père !


Et puis il y a une quasi absence de grain (on est autour de 1 à 3 ISO) avec un aspect très lisse. Et quelque chose qu’on ne peut pas voir sur les scans, ce rendu métallique très particulier avec des reflets magnifiques : il faut les voir sur plaque, ça n’a vraiment rien à voir. C’est pour cela aussi que j’ai eu vraiment à cœur de les exposer. Pour certains artistes, j’ai eu des rendus vraiment incroyables – je pense en particulier à U-Roy ou à David Eugene Edwards, le chanteur de Wovenhand…



Et après l’expo, vous arrêtez, vous continuez ?

Je continue ! Avec le Krakatoa on a envie de poursuivre – je viens encore de faire les Be Quiet, avant leur passage à la Pépinière Party [ce soir, ndlr]. Et l’expo, j’ai envie qu’elle se renouvelle de cette manière et surtout qu’elle tourne. Pour l’instant ça démarre bien : elle a été demandée au Printemps de la photo à Pomerol, à la Gare de l’Art à Tarnos et elle devrait passer un mois à Toulouse, au Connexion. 


Et, en parallèle, j’ai eu envie de rendre les images prises par ce procédé accessibles au grand public. J’ai donc pris un local rien que pour ça, au 31, rue des Faures, sur la place Saint-Michel. Les gens peuvent prendre rendez-vous et s’offrir (à partir de 100€) un bel objet, entre artisanat et œuvre d’art, original et parfaitement unique. •

Recueilli par Sébastien Le Jeune 


« [K]ollodion », dès ce vendredi et jusqu’au 28 mars, à la médiathèque de Mérignac. Vernissage demain samedi à 12h. www.krakatoa.org

www.pierrewetzel.com

Photo : Depuis mai dernier, Pierre Wetzel a utilisé l’ambrotype avec une soixantaine d’artistes (ici Marine Philomen Roux du groupe ALB) ou de techniciens. © Pierre Wetzel

 

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