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Un euro la part de rêve PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 13 Mars 2012 17:14

Pour monter sa première pièce, Malick Gaye s’est lancé dans un pari fou : faire appel à la générosité des internautes et en faire les «actionnaires de son rêve». 68 000 pour être précis, pour autant d’euros nécessaires à la mise en place du projet.

«C’est d’abord une question de parole donnée, le besoin de tenir une promesse que j’avais faite à un proche qui m’encourageait dans cette voie-là.» À entendre ainsi parler l’actuel responsable des relations avec le public du TnBA, le visage illuminé par son rêve, comment ne pas penser «quel doux-dingue !» Comment ne pas écarquiller les yeux à la vue du montant, «68 000 euros ? Mais qu’est-ce donc que cette folie ?» En même temps, on se dit que c’est le prix à payer pour monter une pièce de qualité. Et il suffit de faire un saut sur le site mis en place par Malick et sa «société de production» virtuelle Very Cheap Prod pour se convaincre du sérieux et du professionnalisme de l’intéressé. Tout y est, de la note d’intention au casting prévisionnel avec trois acteurs aguerris prêts à le suivre. «Le challenge – et ce qui coûte si cher – c’est de réunir dans une salle bordelaise pour quatre semaines de répétitions les acteurs, les créateurs et les techniciens pour les costumes, le décor, la lumière et le son, détaille le futur metteur en scène. Pour, au final, donner deux représentations publiques où seront invités des professionnels, des programmateurs qui pourront ensuite diffuser la pièce.»

Deux «mentors» de renom
Malick Gaye, qui n’a «pas prévu de ligne dans le budget» pour se payer, sait bien de quoi il parle. Avant d’exercer au TnBA, il a fait ses premières armes pendant ses études aux côtés d’un (jeune) ponte de la profession, l’acteur et dramaturge Emmanuel Demarcy-Mota, qu’il a épaulé dans les créations du Collectif artistique de la Comédie de Reims. Et la pièce qu’il veut monter est un texte fort, «Faire l’amour est une maladie mentale qui gaspille du temps et de l’énergie» signé d’un autre «mentor», Fabrice Melquiot, Prix Théâtre 2008 de l’Académie française pour l’ensemble de son oeuvre. L’histoire de trois policiers, de trois générations différentes, qui partagent le même appartement parisien. Le plus jeune suspendu suite à une bavure, les deux autres vont chercher à comprendre ce qui a pu se passer dans ce commissariat du XVIIIe. «Ce qui m’a séduit, c’est qu’il ne s’agit pas d’une charge frontale contre la police. Au contraire, elle s’attache à ce qu’il y a sous l’uniforme. La pièce questionne sur la place de la police dans la société, elle qui est en première ligne face à la destruction du pacte social.»

Crise oblige...
À pièce ambitieuse, projet ambitieux. Certes. Mais pourquoi ne pas avoir fait appel à des structures existantes ? Le TnBA, par exemple... «À l’heure actuelle, étant donné combien la crise affecte le domaine de la culture, le TnBA ne peut se permettre de se lancer dans un tel pari. Plus aucun Centre national d’art dramatique n’a les moyens d’assurer cette mission de faire émerger des jeunes. Mais individuellement l’équipe du TnBA me soutient. Dominique Pitoiset, Patrick Pernin ou Nadia Derrar ont foi dans ce projet. Les contours de l’aide dont je pourrais bénéficier de la part du théâtre ne sont pas définis, mais tous m’ont fait part de leur volonté de m’accompagner.» Aide dans la recherche d’une salle, soutien administratif, les pistes ne manquent pas. Reste donc à trouver ces fameux 68 000 euros. Mais la réussite de My Major Company dans la musique est-elle transposable dans le théâtre ? Tel est le pari osé de Malick Gaye. «On me dit souvent que “plus tu prends de risques, plus tu as de chances de gagner gros”. Mais j’ai d’abord conscience que, pour atteindre 68 000 personnes, il faudra toucher des gens qui ne se sentent pas forcément concernés par le théâtre. Et cette idée me plaît, d’intéresser les gens, de les attirer au théâtre par ce biais. Je n’ai pas grand-chose à offrir aux “actionnaires de mon rêve” : les dividendes, ce sera la réalisation du projet. Mais j’espère aussi faire comprendre au plus grand nombre que le théâtre, c’est un rêve qui se partage.» •

Sébastien Le Jeune

Tout le projet et le lien pour faire un don sont sur www.verycheap-prod.com

 

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