Écho à venir, l’un des festivals les plus stimulants sur la place de Bordeaux, nous promet encore de belles claques entre musiques et arts visuels pour sa 4e édition spéciale Bristol. Notamment la venue d’une pointure du mapping, Joanie Lemercier, l’un des fondateurs du fameux collectif AntiVJ, pour une création lumineuse et sonore au coeur de la basilique Saint-Michel.


Bien sûr, l’affiche du festival, du 14 au 19 septembre, va encore briller par sa diversité (projections, performances, electro live...) et ses producteurs hors pairs – Addison Groove et Livity Sound, la crème de la scène de Bristol actuelle. Mais l’un des temps forts sera sans conteste « Artefact – Basilique Saint-Michel », une création collective de 15 minutes* entre mapping [projections animées d’images 2D et 3D, ndlr] et musique spécialement conçue pour le lieu donnée le 18 septembre, en prélude aux Journées du Patrimoine dont le thème de l’année colle à merveille : « Le Patrimoine du XXIe siècle ». 


Là, c’est l’art du XXIe siècle qui sera chargé de transfigurer la nef de Saint-Michel, quatuor de choc à l’appui. En tête, donc, Joanie Lemercier, l’un des Frenchies à l’origine, en 2008, du label visuel parmi les plus fameux de la planète, 
AntiVJ : « J’avais déjà fait une création en 2009 dans la cathédrale de Breda, aux Pays-Bas, se souvient-il, mais là ce sera forcément différent, plus élaboré, avec beaucoup d’ingrédients réunis en même temps. » À ses côtés, en effet, outre sa chargée de production artistique Juliette Bibasse, son ami le producteur de musique électronique français installé à Bristol Damien Schneider, co-fondateur du label Onnset Records, et l’organiste titulaire de l’église Saint-Augustin de Bordeaux Eva Darracq, très portée sur le contemporain avec son jeu non conventionnel.


Prise de contact

De l’orgue, de l’electro et du mapping vidéo, un cocktail détonant et inédit, qui nécessite pas mal de préparation. Tous les quatre étaient réunis à Saint-Michel en toute fin de semaine dernière pour se rencontrer, découvrir le lieu et imaginer ensemble les premières pistes de cette collaboration. Ravie d’une « aubaine » aussi rare, l’inlassable expérimentatrice imprégnée de culture electro Eva Darracq a fait découvrir les possibilités insoupçonnées de l’orgue, un instrument « qui ne se résume pas au son de la messe ». Et de fait, Damien Schneider en est resté bouche bée : « Elle en sort des vibrations, des basses énormes, et en joue comme d’un synthétiseur ! » Pendant ce temps, Joanie Lemercier photographiait sous toutes les coutures la grande porte, l’orgue et la voûte les surplombant afin d’en établir un modèle en 3D pour commencer sa création vidéo.


Ce qu’on y verra ? Ce qu’on y entendra ? Suspense. Dès cette prise de contact, les idées fusaient autour de dénominateurs communs à la musique, l’architecture... la religion et la cosmogonie aussi. Course des planètes, gammes de Messiaen, Pythagore et nombre d’or... Des clés d’exploration pour « tout un langage à inventer », s’enthousiasme Joanie Lemercier. Un langage fluide et adaptable, qu’ensemble ils imaginent déjà, après cette première bordelaise, se diffusant ailleurs, sans cesse réinventé, dans d’autres lieux du monde entier... •

Sébastien Le Jeune

* 3 représentations (gratuites). www.echoavenir.fr 

Photo : Eva Darracq a fait découvrir à ses trois acolytes (dont Juliette Bibasse et Joanie Lemercier, à l’arrière-plan) les possibilités insoupçonnées de l’orgue, au coeur du dispositif mapping et electro. © TildHead