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Dans les coulisses des Inouïs du Printemps de Bourges à Barbey PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 25 Novembre 2015 06:00

Ce lundi, votre serviteur était appelé à siéger au sein du jury des Inouïs du Printemps de Bourges, l’un des dispositifs de repérage musical majeur de la scène émergente dans l’Hexagone. On en profite pour vous raconter comment ça se passe de l’intérieur.

 


Et ce, même si Éric Roux, le directeur de la Rock School Barbey, antenne régionale pour ces Inouïs, a prévenu les jurés d’emblée : « Ici c’est comme à Las Vegas : ce qui se dit à Las Vegas reste à Las Vegas. » L’enjeu, ne pas laisser filtrer les commentaires un peu acides qui arrivent inévitablement lorsqu’on écoute en une journée quelque 160 groupes candidats, de niveaux et d’esthétiques très divers.

D’emblée, une fois passée la surprise de figurer parmi les membres du jury, deux autres bonnes surprises. D’abord il y a du costaud au sein des candidats : à Bordeaux, en Gironde comme dans les autres départements, beaucoup de groupes solides, déjà identifiés, avec des dates de concerts et des enregistrements de bonne qualité sous la main. Présents en nombre, les groupes accompagnés par des Smac (Scènes de musiques actuelles, comme Barbey, le Krakatoa et le Rocher dans l’agglo bordelaise, l’Atabal à Biarritz, le Florida à Agen, LMA dans les Landes, le Rocksane à Bergerac…). La sélection s’annonce coton.

Du beau linge
Et puis il y a le jury, plus ouvert que jamais – une réaction salutaire de Barbey après le cru 2015 qui, s’il n’avait pas démérité, n’avait produit aucun lauréat aquitain en finale pour la première fois depuis belle lurette. Fini le circuit fermé, place à l’ouverture, donc : en plus d’Éric Roux, de Manu Rancèze, programmateur de la Rock School, et de Lionel Bidabe, conseiller artistique du Printemps de Bourges, Guillaume Dufy de Cubik Prod. (gros pourvoyeur de soirées electro/dub entre autres), Guillaume “Eugène” Dupeyron le directeur artistique du festival Vie Sauvage, et Hassan Ben Geloune, fondateur de 7Soundz, très impliqué dans le développement d’artistes hip hop (Keurspi, Fleyo…). Plus, donc, pour la première fois, un journaliste.

Et, en guise de chefs d’orchestre, Nico Cabos le responsable de la Rock School Pro et son assistante Cindy Venant. Et pour superviser tout ça (sans prendre part au vote), Rita Sa Rego, administratrice du Réseau Printemps de Bourges.

Ce lundi, neuf heures tapantes, on ne s’attarde guère sur le café-croissant. Direction une salle de réunion pour entrer aussitôt dans le vif du sujet, l’écoute des trois titres envoyés par chaque groupe – répartis en grandes catégories génériques des musiques actuelles : pop-rock, folk, metal, reggae/ragga, hip hop et electro. Premier balayage pas facile. Les non-Girondins étant moins nombreux, on les passe en premier, les oreilles plus réceptives, l’écoute plus clémente. 12 sur 51 (23,5%) passeront le premier tour quand, du côté des Girondins, ils ne seront que 23 sur 111 (21%). Pour passer, seules recettes, la créativité – les pires critiques vont à ceux qui se bornent à copier leurs idoles – et la qualité d’exécution. Il faut tenir la route à Bourges et porter les couleurs de l’Aquitaine devant le public et, surtout, des plateaux de professionnels, tout de même !

Tropisme bordelais
Deuxième tour, ça se corse encore. Là, les yeux se tournent vers la référente, Rita. Sur quels critères arbitrer ? Doit-on privilégier les autres départements ? Pas obligé. Force est de reconnaître que la capitale régionale concentre le gros des artistes, venus qui pour les études ou le travail, qui pour les opportunités de jouer plus souvent ou d’enregistrer plus facilement – du coup, un groupe bordelais est rarement pur jus et compte souvent des membres landais, basque, périgourdin... Et puis la prime aux hors-Gironde avait coûté cher l’an dernier. Doit-on refléter toutes les esthétiques ? « Pas nécessairement, répond-elle, même si c’est sans doute préférable. » Tout le monde s’accorde sur le fait que la sélection doit montrer le meilleur de ce qui se fait dans la région, peu importe la catégorie. Faut-il pousser certains groupes déjà quasi pro ou qui visent à le devenir ? De l’avis de tous, passer à Bourges peut être un tournant dans une carrière, alors ne pas hésiter.

Ces considérations en tête, deuxième tour, auquel le gros des hors-Gironde ne survit pas. Exit aussi les projets jugés trop peu mûrs bien que prometteurs ou ceux qui ont trop peu changé après avoir déjà postulé l’an dernier. Arrivé à ce stade, la plupart d’entre nous a vu quasi tous les groupes en live, un critère primordial pour juger de la qualité du projet.

« C’est la démocratie »
Reste une shortlist de 14, rien que du très bon – on décide que huit groupes et non six composeront le plateau qui jouera à Barbey le 27 janvier, une soirée filmée qui servira au jury national à Paris. Au bout d’une journée entière d’écoute et de débats, arrive alors l’heure du vote. Cruel, forcément. Nico Cabos égrène les noms des gagnants. On a chacun un regret, un groupe qu’on aurait bien vu arriver plus haut mais « c’est la démocratie » revient comme un leitmotiv.

Et l’octuor final, eh bien, on se dit qu’il a une sacrée gueule. Que du lourd ou du très très prometteur. Et on se prend à rêver : et si l’Aquitaine avait non pas un mais deux groupes à Bourges cette année ? Notre tâche est finie, la suite, les artistes l’ont entre leurs mains : il faudra faire des étincelles en janvier à Barbey. • 


Sébastien Le Jeune

 

Pour en savoir plus sur les Inouïs, www.rockschool-barbey.com/les-inouis-du-printemps-de-bourges et www.reseau-printemps.com

Photo : And the winners are : la folk-pop d’I Am Stramgram, le projet solo de Vincent Jouffroy (My AnT, Girafes), du rock plutôt garage pour Cockpit, math pour Piscine, electro-noise pour Be Quiet, du hip hop avec Errör 404, de l’electropop avec Static Observer, de l’electro tout court avec Senbei et Nortnord. © DR

 

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