Pouvait-il en être autrement pour des amoureux du patrimoine ? C’est dans une bâtisse XIXe assez unique que Le Festin a élu domicile. Un joli cadre pour une aventure qui l’est tout autant.

« En face, le bâtiment début XXe en pierre servait de vitrine à Beghin-Say. Celui que nous partageons avec un avocat et un urbaniste, le bâtiment F, date de la fin XIXe., tout en briquette et ossature. Du temps où on appelait la rue Achard la “rue bleue”, à cause de tous les ouvriers en bleu de travail qu’on y croisait, quand l’industrie sucrière tournait à plein. » Même pour la chargée de comm’ Mélanie Tammeveski, les références patrimoine sont une seconde nature dans l’équipe du Festin et elles ponctuent régulièrement la visite. Normal, c’est le cœur de métier de l’asso créée en 1989 par Xavier Rozan qui a rejoint en 2012 l’ilôt “sucrier” 176, rue Achard, en face de la station New York après quelques années de bon voisinage avec le Frac dans le hangar G2.

« Le Festin », la revue, vous la connaissez forcément pour avoir vu ses couvertures classieuses dans les kiosques et librairies. La partie émergée d’un fourmillement d’activités – « et la seule déficitaire – trois mois pour une revue de cette qualité, c’est court ! – ce qui nous vaut les subventions de différentes collectivités, à hauteur de 12% seulement », précise David Vincent, directeur commercial et cofondateur de ce qui était au départ une simple asso étudiante. À 27 ans, la petite structure (12 employés), qui songe à évoluer en société, multiplie les projets, hors-séries qui marchent fort (la série « 101 » notamment, recensant des monuments ou sites remarquables à Bordeaux ou ailleurs dans la région), ou livres... pas uniquement “régionalistes”, la preuve : la naissance au début de l’année de la maison d’édition L’Éveilleur diffusée partout en France et les pays francophones. « Un nouveau défi pour le plaisir de dépasser les frontières de la Nouvelle Aquitaine », reprend David Vincent.

En région, cet éditeur pas comme les autres a aussi la particularité de s’autodiffuser, d’où son excellente connaissance du territoire. Et ici, il multiplie les moyens de toucher tous les publics. Ses portes sont toujours ouvertes (on y trouve d’ailleurs une micro-librairie), les rencontres dans et hors-les-murs sont régulières, et sa grande braderie de Noël attire chaque année un bon millier de personnes. Cette année, changement d’air : pour fêter le N°100 consacré aux utopies, direction la Halle des Douves pour un “festival des utopies” aux nombreuses animations. •

Sébastien Le Jeune

www.lefestin.net 

Photo : Clou de la visite de la vieille bâtisse sucrière, la terrasse dont la petite équipe du Festin profite pour de (brefs) moments de détente. © Le Festin