Elle a découvert ce quartier en allant à la fourrière. Comme beaucoup de Bordelais. C’était il y a plus de 20 ans. Béatrice Aspart et Boufeldja Labri ont ouvert en 1999 Le Garage Moderne. La grande rousse ne peut pas faire trois pas dans une rue de Bacalan et des nouveaux Bassins à flot sans croiser une connaissance. 

« Il y a un esprit village ici. Cela me rappelle le village du Lot de ma grand-mère. Tout le monde se croise et se parle sur les trottoirs. » Pour elle, malgré les immeubles construits « trop vite, trop serrés, trop hauts », « l’âme de la rencontre » reste dans le quartier.

Les nouveaux habitants sont d’ailleurs nombreux à franchir le portail du Garage Moderne, rue des Etrangers, lieu hybride où l’on vient en mettant les mains dans le cambouis réparer vélos et autos et participer à des événements culturels. « Nous avons su tisser des liens avec eux », dit-elle. 

En 2011, toujours avec Boufeljda Labri, Béatrice Aspart a repris le bar de la Marine, rue Achard, cantine des habitants et des gens qui travaillent dans le quartier. Ex-Toulousaine, cette militante tournée vers la culture et le social, sur la liste de Feltesse en 2014, soupire en regardant les nouveaux immeubles qui ont métamorphosé son paysage quotidien. «On ne sait pas transformer un lieu sans passer par l’avilie », dit-elle.  Elle cite les squats de Roms, la prostitution, les rats, le vol de métaux, la saleté. «On a laissé les choses aller très mal pour être soulagés de ls supprimer après. C’est le "soulagement du propre". On aurait pu pourtant faire quelque chose de mieux.»

Rare ancienne bâtisse à tenir encore debout parmi les nouvelles résidences, le Garage Moderne, propriété de la mairie, n’est pas au mieux financièrement. Béatrice Aspart a engagé une nouvelle bataille pour le sauver. • LB

Photo: Béatrice Aspart ©Archives Laurent Theillet / Sud Ouest