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Philippe Dorthe, capitaine de l'industrie portuaire des Bassins à flot |
Vendredi, 14 Octobre 2016 06:00 |
Il nous a donné rendez-vous quai Hubert-Prom, à côté du bâtiment vert d’Armi, les Ateliers de restauration maritimes Industri. Il montre les grues, les formes de radoubs, la maison du douanier où a habité un des membres de sa famille, quai du Maroc. « On allait au “Maroc” disait ma grand-mère. » Le conseiller régional et départemental socialiste, Philippe Dorthe, 60 ans, se dit « Bacalanais avant d’être Bordelais ». Son arrière-grand-père a travaillé comme manoeuvre dans le port, son grand-père était chaudronnier dans les formes de radoubs. Dire que l'élu socialiste est attaché à l’activité industrielle maritime dans son quartier est presque un euphémisme. Toute son enfance y est liée. « On ne peut pas bâtir un quartier sans utiliser son histoire, répète-t-il à l’envi. Les Bassins à flot qu’on appelait les docks autrefois ne fonctionneront que si on arrive y concilier logements, commerce et emploi productif. » En longeant les péniches réaménagées en habitation, Philippe Dorthe ouvre la boîte à souvenirs. Il se rappelle de l’odeur du café et de l’ambiance dans le port. « Il y avait du boulot pour tout le monde à l’époque, pour les Maghrébins, les Vietnamiens, les Italiens, les Portugais. Et donc pas de racisme. » Il raconte les chaises sorties sur les trottoirs, lieux de discussion du quartier. Puis lance un regard presque désespéré vers les résidences flambant neuves. «Ah c’est sûr qu’avec trois codes à faire avant de pouvoir entrer dans son appartement, les poches de courses dans chaque main récupérées à Auchan Drive, ce n’est plus la même ambiance. » Enfant de "l'aristocratie ouvrière" « Je n’aime pas partir », raconte celui qui pendant de nombreuses années a travaillé dans le secteur du tourisme d’abord pour le sénateur Marc Bœuf puis comme élu. Philippe Dorthe dit être un « mec de l’ascenseur social ». Ses parents étaient instituteurs dans le quartier et très impliqués dans l’Amicale Laïque. A combien de kermesses, fêtes de vélos fleuris et spectacles de fanfare de la Sirène bacalanaise a-t-il assisté enfant? Des dizaines. « Ici vivait l’aristocratie ouvrière, sourit-il. Elle a laissé en héritage ce formidable tissu associatif.» Cheminot à Hourcade, Philippe Dorthe raconte avoir porté le « bleu » et être monté au sommet des pylônes de la gare de tri pour remplacer les ampoules. Passé cadre, après après avoir repris ses études et validé un DESS, il consacre depuis une quinzaine d’années sa vie à la politique. «J’ai quarante ans de Parti socialiste. Mon père était adhérent de la SFIO. J’avais, je me souviens, pris ma carte pour lui faire plaisir. J’en ai collé des affiches ! » Le Bacalanais ne fera pas d’autre mandat à la Région et au Département, mais ne s’interdit pas un autre rôle dans la vie politique locale. Une chose est certaine. Il ne quittera pas Bacalan, son « port d’attache ».• Laurie Bosdecher Photo: Philippe Dorthe et sa famille sont installés dans le quartier depuis quatre générations ©LB
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