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La Maison aux personnages : Y a-t-il âme qui vive ? |
Mercredi, 07 Décembre 2016 06:00 |
Lundi après-midi, le carrefour est sillonné par des dizaines de voitures, il faut s’y reprendre à plusieurs fois pour le traverser. Un peu plus loin, l’établissement français du sang et l’hôpital Pellegrin. Le tram passe régulièrement, frôlant à chaque allée et venue un bâtiment curieusement planté en plein milieu de la place Amélie Raba Léon : c’est la Maison aux personnages.
Une œuvre signée Ilya et Emilia Kabakov, inaugurée en 2009 dans le cadre du programme de commande d’œuvres d’art contemporain lié à la mise en service du tramway. Coïncidence ce jour-là, alors qu’on s’approche de la fameuse maison - où nul n’est censé entrer, c’est le concept de cette œuvre qui s’observe de l’extérieur, le nez collé à la vitre -, on tombe sur deux personnes qui en sortent. Il s’agit de la responsable du service collection du CAPC, Anne Cadenet, accompagnée d’une chargée d’études, Milena Paez Barbat, venues s’assurer que tout est bien en place et fonctionnel à l’intérieur de la maison. On y trouve en effet des milliers d’objets (papiers, meubles, métal, bois, vidéos…) qui nécessitent, au-delà de la simple conservation du lieu, une réelle maintenance. Une apparence modeste Sur les murs extérieurs, de brefs textes donnent un aperçu de chacun des personnages censés habiter la maison. Au pied de l’escalier métallique (qu’on peut emprunter pour aller voir une des pièces à l’étage), un texte signé des artistes prédit que « la Maison aux personnages deviendra avec le temps la curiosité voire le signe distinctif du quartier ». Tout autour de la place, les riverains n’en ont pas l’air franchement convaincus. La greffe ne prend pas Devant la pharmacie, une cliente très en colère tient à témoigner de son dépit : elle trouve « scandaleuse » cette maison qui bouche la vue et dans laquelle on ne peut pas entrer, « une construction qui a coûté plus de 500 000 euros, avec la climatisation, alors que des SDF dorment à côté ». Chez l’opticien, on fait le même constat : ce « musée-maison » n’inspire pas le voisinage. Sans parler de cette désagréable obligation de « se montrer intrusif en se collant aux fenêtres pour voir à l’intérieur. » Alentour, les passants contournent la maison sans s’arrêter, mais il est vrai que le temps n’incite pas non plus à s’attarder. Peut-être au printemps, quand la verdure aura encore davantage pris possession des lieux ? • Anne Chaput
Photo : Une maison vide au milieu d’un rond-point : de l’art qui en laisse plus d’un perplexe... © Fabien Cottereau / Sud Ouest |