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La rue Notre-Dame, entre antiquités et modernité PDF Imprimer Envoyer
Lundi, 23 Janvier 2017 23:19

La rue Notre-Dame, fief historique des antiquaires de Bordeaux, a vu ses commerces se diversifier nettement ces dernières années et évoluer vers la décoration, les vêtements, la restauration…

Au tabac-presse du numéro 69, le buraliste n’a pas trop le temps d’en parler car les clients défilent, parmi lesquels beaucoup d’habitués. Il désigne l’un d’eux, Maxime, qui saura mieux nous renseigner sur l’évolution du quartier. « Le goût de l’antiquité a changé », témoigne ce sexagénaire qui a lui-même longtemps exercé le métier dans la rue.

« J’ai arrêté en 2010, quand les gens se sont tournés vers l’ “indus” - le matériel industriel, les meubles de métier, les plateaux d’atelier… Certains antiquaires ont vu cette tendance arriver et se sont adaptés, d’autres ont dû fermer, et quelques-uns aussi profitent de cette mode pour proposer des objets faussement patinés. » Lui-même a choisi de changer d’activité, rendant les armes face à l’assaut « bobo » des Chartrons mais restant fidèle à ses goûts : « Je préfère le XVIIe », conclut-il en souriant. 

Une adresse pour les chineurs 

Des antiquaires, il en reste pourtant quelques dizaines rue Notre Dame mais leur cercle se réduit, la plupart étant rassemblés au sein du Village Notre-Dame, une grande galerie d’exposition (la plus grande d’Aquitaine), sise depuis 35 ans à l’entrée de la rue. « En dehors du Village, il n’y en a plus que six », compte Nicole Vetu, la présidente de l’association de la rue Notre-Dame. Elle et son mari Patrice, tapissier, installés depuis 17 ans dans le quartier, apprécient pourtant « sa lente mutation, le mélange d’anciens et de nouveaux clients, le passage de touristes qui font désormais un détour pour se balader ici. » Alors qu’une rue de la déco et du design aurait pu naître dans la lignée de cette histoire, les antiquaires ont finalement laissé place à des activités plus variées : boutiques de mode, restos, salons de thé, bureaux de graphisme ou « showroom » à louer... Quelques enseignes ont toutefois perpétué la tradition de cette rue marchande d’objets et de mobilier, comme l’élégante galerie RKR (actuellement en vente) ou la boutique Cabanes et Châteaux, joyeux cabinet de curiosités rempli de tapis moelleux, de coussins en lin et de luminaires en bois. 

Notre-Dame a de l’avenir

Jeff, le co-gérant du lieu, explique que la période « indus-tout-en-fer » est terminée et que « les gens se tournent de nouveau vers de belles matières ». En atteste également Éric Bernard, installé à l’autre bout de la rue Notre Dame, après le cours de la Martinique, dans un showroom discret où il expose du mobilier scandinave des années 50 à 70. L’ancien créateur du festival d’art contemporain Les Grandes Traversées a trouvé, dans ce coin des Chartrons, un point de chute idéal qui lui fait penser « à Soho il y a 30 ans ou Berlin il y a 20 ans ».

Chartrons Eric BernardAC

La rue a en effet encore du potentiel. Elle semble pour l’instant osciller entre deux eaux, l’une historique, l’autre « bobo » (tous les riverains prononcent le mot), avec encore de nombreuses possibilités de réhabilitation de locaux et d’ouverture de commerces. Y perdra-t-elle son âme ? Selon Maxime, l’ancien antiquaire, ce n’est déjà plus aussi « rocambolesque » qu’autrefois, quand le quartier était peuplé de « personnages » et qu’il était « moins sûr, c’est vrai, mais moins lisse aussi ». Il oublie que Notre-Dame n’a pas terminé sa mue.  

Anne Chaput

Photos : Patrice et Nicole Vetu sont tapissiers dans le quartier depuis 17 ans. Eric Bernard, créateur des Grandes Traversées, a ouvert un showroom de mobilier scandinave ©AC / BORDEAUX7

 

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