C’est plus qu’une surprise qui s’est produite hier soir dans les bureaux de vote de la CUB. Un séisme plutôt, à la hauteur du camouflet infligé à la gauche à l’échelle de l’agglomération. Hier encore, seules 8 communes de la Communauté Urbaine, qui en compte 28, étaient dirigées par la droite. Ce matin, elle sont déjà 12.

Non seulement les élus du groupe Communauté d’avenir (UMP et centre) ont conservé leurs fiefs (Michel Labardin réélu à 70,6% à Gradignan, Patrick Bobet à 66,15% au Bouscat...) mais ils en ont aussi conquis quelques uns, dont la portée symbolique est forte : Au Taillan Médoc, le patron girondin du PS Ludovic Freygefond est balayé; A Carbon Blanc c’est Nicolas Madrelle, fils du très influent président du conseil général, qui se fait sortir dès le premier tour. Artigues et Ambès tombent aussi, symbolisant la fin de l’emprise de la gauche sur la rive droite de l’agglomération. Juste à côté toutefois, les bastions socialistes Lormont (60,34% pour Jean Touzeau) et Cenon (66,44% pour Alain David) résistent à la vague bleue. Mais pas à celle de l’abstention, qui y atteint des sommets : 50,75% et 52,62%.

Six communes au second tour
De l’autre côté de la Garonne, la gauche garde quelques motifs de satisfaction : Christine Bost s’impose largement à Eysines (56,13%) de même que Véronique Ferreira à Blanquefort (58,66%), et Brigitte Terraza conserve Bruges où la gauche nourrissait quelques inquiétudes. Mais ces bons points font pâle figure alors que le sort de plusieurs poids lourds de l’agglo sera suspendu au résultat du second tour : à Mérignac, le successeur désigné de Michel Sainte-Marie, le sénateur PS Alain Anziani, devra ferrailler face à Thierry Millet. A Pessac Jean-Jacques Benoit n’a que deux points d’avance sur son opposant Franck Raynal. Surtout, le sortant Serge Lamaison frôle la correction à Saint-Médard en Jalles : il n’a manqué que quelques dizaines de voix à son opposant Jacques Mangon pour le battre au premier tour. Le jeu des alliances et les spéculations sur les reports de voix ont commencé dès hier soir pour les six communes concernées par un second tour. L’enjeu pour la gauche est de limiter la casse, alors qu’il est déjà acquis que la CUB a basculé à droite, et qu’Alain Juppé en est plus que jamais le patron.• Sophie Lemaire