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Municipales : Trois communes sous haute tension PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 25 Mars 2014 07:00

Si la vague bleue qui a déferlé sur les villes de la CUB n’a pas encore tout emporté sur son passage, elle a considérablement fragilisé les digues roses qui protègent certains bastions de la gauche. A l’approche du deuxième tour, le match demeure très incertain dans trois communes que la gauche considérait, sans doute à tort, comme des valeurs sûres.

 

A Mérignac, la succession du maire PS Michel Sainte-Marie, qui dirigeait la ville depuis 40 ans, est plus ouverte qu’on ne l’imaginait. Si le sénateur et adjoint du maire sortant Alain Anziani est en ballottage favorable, son opposant UMP, Thierry Millet, ressent la « dynamique d’une chute d’un côté et d’une ascension de l’autre.»
A Pessac, rien n’est fait dans le duel entre le maire socialiste Jean-Jacques Benoît et son rival UMP Franck Raynal, les deux hommes se tenant dans un mouchoir de poche à l’issue du premier tour (454 voix d’écart).
Enfin, le basculement à droite de Saint-Médard-en-Jalles apparaît quasiment inéluctable. à 28 voix près, la ville dirigée par le socialiste Serge Lamaison depuis 1983 aurait pu tomber aux mains de l’UMP Jacques Mangon dès dimanche soir. Nettement distancé, le maire sortant concède sobrement être « en mauvaise posture.»



Saint-Médard-en-Jalles

Et si Serge Lamaison s’était lancé dans la campagne de trop ? Depuis dimanche soir, le maire sortant entend des « échos » dans son propre camp selon lesquels il n’aurait pas dû partir à la conquête d’un sixième mandat. Avec 36,75% des suffrages, contre 49,79% à son rival Jacques Mangon, et peu de réserves de voix, l’affaire paraît entendue. Sur un ton désabusé, presque fataliste, le discours est de circonstance : « j’ai encore un soupçon d’espoir. On va y croire jusqu’au bout, on va se battre.» La rumeur, pourtant, laisse entendre que sur la liste qui sera présentée au second tour, où une fusion avec le candidat d’extrême gauche Robert Quaranta (5,67% au premier tour) est probable, Serge Lamaison pourrait être rétrogradé en queue de peloton. Certains évoquent un « putsch » ayant pour objectif de sauver ce qui peut l’être...

Désormais favori, Jacques Mangon assure que son score est un « signal » adressé par les habitants à la majorité sortante : « c’est un projet qui s’est imposé, tout comme la volonté des Saint-Médardais de tourner la page après 31 ans avec la même équipe. Le jeu était sclérosé.» S’il s’estime « plutôt confiant » quant à l’issue du deuxième tour, le candidat de droite reste prudent : « c’est une nouvelle élection et nous nous adressons à tous. Les électeurs ont voté en leur âme et conscience. Ils voudront amplifier le mouvement de changement qui s’est manifesté.»



Pessac

S’il « espérait mieux » qu’un score de 39,37%, qui ne le place en pôle que d’une courte tête, le maire socialiste Jean-Jacques Benoît estime qu’au regard du « tsunami bleu » qui a ravagé l’agglomération, sa ville « résiste bien.»
Pourtant, les jeux sont ouverts et l’UMP Franck Raynal, fort de ses 37,29%, affirme « y croire.» Dans une ville détenue par la gauche depuis 1989, le candidat de droite estime porter l’étendard du « changement.» « C’est la première fois qu’il y a un 2e tour à Pessac depuis 25 ans. Beaucoup disaient que la ville était ancrée à gauche mais on sent désormais cette envie de changement. Il faut tourner la page d’une municipalité qui n’a pas de vision d’avenir. C’est le moment ou jamais.» 
« Confiant » et « combatif », le maire sortant constate de son côté que malgré un contexte favorable pour lui, son adversaire n’a que peu progressé par rapport à 2008 (31,48%).
Pour ces deux listes très proches, la mobilisation des abstentionnistes pèsera au second tour : « beaucoup de gens, qui étaient défaitistes, n’ont pas été voter au premier tour. Mais aujourd’hui, ils se manifestent », s’enthousiasme Franck Raynal. « J’espère que les abstentionnistes chercheront l’ouverture et le progrès plutôt que la démagogie », oppose Jean-Jacques Benoît.

Dimanche, le maire pourra compter sur le soutien du candidat sans étiquette Charles Zaiter (8,74% au premier tour), qui avait pourtant démissionné de sa majorité il y a un an... « Beaucoup de ses colistiers sont très mécontents de ce choix et ne le suivent pas », assène Franck Raynal.



Mérignac

Alain Anziani le concède, succéder à « un monument » comme Michel Sainte-Marie n’est pas chose aisée. Alors que le précédent maire avait été élu dès le premier tour en 2008 (63,45% des voix), le sénateur socialiste, crédité de 44,94% des suffrages, devra lui ferrailler au second tour. « on constate une sanction de la politique gouvernementale dans la Cub comme partout en France. C’est une élection complexe, nous sommes contre le vent.»
Sa réserve de voix, le candidat socialiste, qui se dit « combatif », compte la trouver dans les 45,57% de Mérignacais qui se sont abstenus d’aller voter dimanche dernier : « notre feuille de route, c’est d’aller les voir, discuter et les convaincre. Je suis persuadé que la victoire dépend du lien que l’on saura créer avec les abstentionnistes.»

Son rival UMP, Thierry Millet, mise également sur ce réservoir de voix : « beaucoup ne sont pas venus voter car ils pensaient que c’était perdu d’avance. Mais ce fatalisme mérignacais a vécu, la ville est ouverte.» Cette « poussée énorme », qui s’est traduite par un score de 37,74%, le candidat de droite la considère comme le fruit du « rejet » de la politique d’une « municipalité qui tombe comme une pierre.» « Mérignac n’a pas bougé depuis 70 ans, c’était une citadelle inexpugnable. C’est fini.»
Alors que le représentant du FN, Jean-Luc Aupetit, devrait se maintenir grâce à ses 10,31%, Thierry Millet estime pouvoir conquérir « 3 à 4% de ces voix.» La raison ? « La seule possibilité de faire basculer la ville, c’est de voter pour moi.» •
 

Olivier Saint-Faustin

Photo : A Pessac, le second tour s’annonce serré entre Jean-Jacques Benoît (PS) et Franck Raynal (UMP) © Nikolas ERNULT

 

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