Télécharger Bordeaux7

L'édition PDF est mise en ligne tous les matins à partir de 7 heures. Cliquez sur l'image pour télécharger l'édition du jour.

Newsletter

Municipales : « toute la gauche girondine est à reconstruire » PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 25 Mars 2014 07:25

Au lendemain du premier tour des municipales en Gironde, la gauche accusait le coup hier. Comment expliquer l’ampleur de son recul sur la CUB, quelles en seront les conséquences ? L’éclairage d’Olivier Costa, Directeur de recherche au CNRS, Sciences Po Bordeaux.

 



Etes-vous, comme la plupart des observateurs, surpris par l’ampleur du résultat de dimanche ?


Oui bien sûr. Je pensais que la CUB pouvait basculer à droite, et on a vu qu’Alain Juppé aussi croyait la chose possible : il a mis toutes ses forces dans la bataille pour soutenir les candidats dans les communes de l’agglomération. Il a multiplié les déplacements de soutien et leur a certainement donné son expertise sur la campagne à mener. Mais cette ampleur est totalement inattendue. Que des communes comme Saint-Médard ou Pessac soient menacées est tout à fait étonnant. 


D’ailleurs dimanche soir un certain nombre d’élus sortants étaient un peu sonnés...


Ils n’ont pas vu venir la conjonction de facteurs qui se sont ligués pour les déloger. D’abord le contexte national : même s’ils ont axé leur campagne sur le local avec du porte à porte et des réunions chez l’habitant où on leur parlait d’enjeux locaux, cela n’a pas empêché les électeurs de sanctionner le gouvernement dans les urnes. Et puis il y a la dimension locale, qui a pu jouer soit en faveur des sortants comme pour Alain Juppé - il a fait "si bien" à Bordeaux que les électeurs ont voulu lui donner les clés de la CUB - soit au détriment des candidats. Il semble assez clair qu’il s’est manifesté une forme de rejet de certains élus cumulards ou d’autres en place depuis trop longtemps (comme à Saint-Médard en Jalles) ou des "fils de" comme Nicolas Madrelle à Carbon Blanc... on peut y voir une forme de rejet du statut du notable tel qu’on a pu le connaître.


Que penser du résultat du FN ? Deux élus à Bordeaux, une triangulaire à Mérignac...

On reste quand même dans une terre profondément modérée, même si le FN progresse par endroits. Ici comme ailleurs, le parti a fait un vrai effort pour pouvoir présenter le plus grand nombre de listes possible, mais il a eu le plus grand mal à trouver des candidats. Ce sont donc parfois des listes en trompe l’oeil où figurent plusieurs membres d’une même famille. Ou des bricolages insensés comme à Saint-Médard où figurent un certains nombre de représentants des gens du voyage alors qu’on sait ce que peut être la position du FN à leur sujet.



Avant même le second tour il semble donc acquis que la CUB va basculer à droite...


C’est mathématiquement déjà assuré, en effet. 



Quelles conséquences faut-il en attendre ?

Dès dimanche soir Alain Juppé a laissé entendre qu’il ferait perdurer la co-gestion, et en effet il parait évident qu’il va offrir un certain nombre de vice-présidences à des élus de gauche avec lesquels il pense pouvoir travailler. On va donc rester dans ce fonctionnement traditionnel, assez incontournable pour une intercommunalité. Sans changement radical si ce n’est au poste hautement symbolique de président de la CUB.

La gauche, elle, a un énorme chantier de reconstruction devant elle.

Oui, car ce sont aussi bien des vieux caciques que des représentants de la jeune génération qui ont été sanctionnés dimanche. C’est toute la gauche girondine qui est à reconstruire. Je pense que jamais Vincent Feltesse n’a pu penser que cette élection serait une telle bérézina. Il faut se souvenir qu’il y a deux ans il était dans une spirale ascendante : il avait dirigé la campagne numérique de François Hollande, puis devenait député et s’attaquait à Bordeaux... Aujourd’hui il réalise ce score piteux, il pourrait aussi perdre son siège de député si Michèle Delaunay fait les frais d’un remaniement ministériel... ce sera plus qu’une traversée du désert !



Dimanche soir il disait cependant « je me relèverai et je serai maire de Bordeaux »...


Je pense tout de même que les choses sont très compromises pour lui. Il a fait 13 points de moins qu’Alain Rousset en 2008. Je ne vois pas comment la gauche pourra accepter qu’il soit à nouveau son candidat alors qu’il est étiqueté comme celui qui a fait perdre la CUB. Mais il a ses entrées au PS, il saura certainement rebondir à Paris pour, peut-être, se reconstruire localement. 



Et Alain Juppé, résistera-t-il aux sirènes parisiennes ?


Il est toujours difficile de refuser lorsqu’on vous fait des offres alléchantes. On l’a vu par le passé : on vous propose les Affaires étrangères, bien sûr que vous y allez ! Alors cette fois... •
 Propos recueillis par
 Sophie Lemaire

Photo : DR

Photo : Olivier Costa © DR

 

La Une du jour

Newsletter

Copyright © 2024 CNEWS Matin Bordeaux7. Tous droits réservés.