À deux jours du deuxième tour des municipales, la droite (associée au centre) est déjà assurée de disposer de la majorité des sièges à la Communauté Urbaine de Bordeaux. Et si elle ne peut guère espérer remporter plus de deux des six communes qui voteront dimanche (certainement Saint-Médard en Jalles, peut-être Pessac), elle s’est déjà assurée quelques «prises» symboliques de choix dans l’agglo. Le secrétaire départemental de l’UMP (et désormais conseiller municipal de Bordeaux) Nicolas Florian a donc déjà toutes les raisons de se réjouir. Entretien.

Aviez-vous senti venir plus que la gauche cette «vague bleue» des municipales ?
Compte tenu du contexte national, nous sentions venir le vote sanction. Mais il est clair que nous avons été surpris par son ampleur à l’échelle de l’agglomération. Pour moi, il y a trois niveaux d’explication : d’abord le contexte national que tout le monde connaît. Ensuite, l’implication d’Alain Juppé dans cette campagne. Il s’est positionné d’entrée de jeu sur le principe d’une union à l’échelle de l’agglomération, il a présenté son projet pour Bordeaux mais il a aussi affiché ses ambitions pour la métropole. Et puis il y a le cas par cas avec, dans certaines communes, des raisons objectives à l’échec des candidats de gauche.

Par exemple ?
à Carbon Blanc, Nicolas Madrelle est battu parce que, tout simplement, le système Madrelle, c’est fini ! Au Taillan-Médoc, le maire est marqué par son étiquette de premier secrétaire du PS et par quelques soucis de gestion. à Artigues, l’ancienne élue et sénatrice change trois fois de candidat pour lui succéder. à Saint-Médard, tout le monde savait que Serge Lamaison était usé. Il y a un an, il a même dit qu’il voulait arrêter et son parti l’a convaincu de rester. à Pessac, Jean-Jacques Benoît est en difficulté sur son bilan et sa gestion de la ville. Alors voilà... Souvent, c’est cet élément local et personnel qui fait la différence au delà du contexte. Car à Blanquefort, à l’inverse, alors que certains pensaient que les électeurs de gauche auraient pu se sentir «abandonnés» par Vincent Feltesse et décider de sanctionner son successeur, et bien ça n’a pas été le cas. On y a vite oublié Vincent Feltesse...

Parlons de Bordeaux justement. On savait qu’Alain Juppé serait gagnant. Son score est encore meilleur que prévu, alors que son opposant était présenté comme un "bon candidat".
C’est la personnalité de Vincent Feltesse qui n’a pas «accroché». Le PS s’est tout simplement trompé de candidat. Je suis convaincu que Madame Delaunay aurait fait mieux à Bordeaux que Vincent Feltesse. Il n’a pas plu à l’électorat, pas plus que ses concepts : la métropole des 5 sens, l’eden métropolitain... ça n’existe pas tout ça, c’est du vent ! Et au passage, je fais remarquer que si la gauche perd la CUB dès le premier tour, c’est bien parce qu’il est venu à Bordeaux. Car c’est son mauvais score qui fait perdre à la gauche bordelaise deux sièges à la CUB.

à la CUB, Alain Juppé a déjà annoncé qu’il s’inscrira dans le système de cogestion classique. Mais il va falloir surmonter des positions divergentes sur certains dossiers, et il va falloir trouver des places pour contenter tout le monde alors que le nombre de vice-présidences est désormais limité... Les discussions ont-elles déjà commencé ?
On s’adressera en effet aux maires de gauche pour trouver une plateforme commune. On peut trouver un accord sur une gestion commune même si nous ne partageons pas toujours les mêmes objectifs politiques. Mais ces discussions n’ont pas encore commencé. Nous sommes tous concentrés sur l’entre-deux-tours. Et puis nous avons quelques nouveaux maires qu’il va falloir accompagner, nous allons nous y attacher. •  Recueilli par SL

Photo : Nicolas Florian © Archives Bordeaux7