Après une année 2013 marquée par l’ouverture du droit au mariage pour les gens de même sexe et l’apparition d’une opposition très virulente, les membres de la communauté gay de Gironde ont interpellé les candidats aux municipales pour connaître leur position.

Le 20 novembre dernier, ils ont adressé un courrier, comprenant un questionnaire et une proposition de charte, aux candidats déclarés des 22 villes (dont 16 dans la CUB) de plus de 10 000 habitants que compte la Gironde, à l’exception des représentants du FN. « On veut leur faire prendre conscience que leur position d’élu et les politiques qu’ils peuvent mener en tant que maire sont important pour lutter contre les discriminations et favoriser l’égalité », explique Paul Vinot, président de la Lesbian & Gay Pride de Bordeaux. 


Les réponses publiées sur le web

La démarche se veut apolitique mais si les retours ont été nombreux, Paul Vinot explique néanmoins avoir reçu « beaucoup de réponses des candidats PS et de gauche et peu des candidats de droite. Sur la CUB, seuls Alain Cazabonne, le maire Modem de Talence, et Alain Juppé ont répondu.»

Pour l’association LGBT (Lesbiennes, Gays, Bi et Trans), l’objectif n’est pas de distribuer les bons et les mauvais points. Mais dans un contexte qui semble s’être dégradé dans la foulée du mouvement de la Manif pour tous, la Lesbian & Gay Pride veut inciter les futurs élus à prendre des engagements en faveur d’« une société plus tolérante.»
Les réponses obtenues seront toutes disponibles en fin de semaine sur le site de l’association (www.lgpbordeaux.net) afin que les électeurs connaissent le positionnement des candidats au moment de choisir leur bulletin de vote.
Lundi prochain, chacun d’entre eux a également été invité à une conférence débat pour évoquer ces questions*.



Un co-listier d’Alain Juppé dans le viseur

En découvrant la liste d’Alain Juppé, mardi, les responsables de l’association ont été « abasourdis.» La raison de leur stupéfaction ? La présence de l’un des fondateurs de la Manif pour tous 33, Edouard du Parc : « ce monsieur organisait des manifestations dont l’objectif était de nous interdire d’avoir les mêmes droits que les hétérosexuels, s’agace Paul Vinot. C’est scandaleux ! De la part d’Alain Juppé, c’est un signe presque insultant envers la communauté LGBT et envers une démarche pour la tolérance. Je ne comprends pas ce choix alors qu’il nous a écrit qu’il appréciait notre démarche et qu’il voulait tendre vers plus de tolérance et moins de discrimination. Avec la Manif pour tous, les extrêmes se sont libérés, cela a enfanté un monstre ! Il y a un malaise en ce moment. Plusieurs des bars gays de Bordeaux ont ou vont bientôt fermer. C’est terrifiant et inquiétant. Nous sommes sidérés et on espère que Juppé réagira.»
Dans un communiqué cosigné par neuf autres associations, dont la Ligue des Droits de l’Homme, la Lesbian & Gay Pride demande au maire de Bordeaux « de renoncer à la présence sur sa liste d’un symbole des discriminations et de la lutte contre l’égalité des droits des personnes LGBT.» •


Olivier Saint-Faustin

*Lundi à 19h, amphi Pitres sur le site de l’université de Bordeaux, place de la Victoire

Photo : Paul Vinot, le président de la Lesbian & Gay Pride de Bordeaux © OSF