Vincent Feltesse dit aimer la proximité et c’est sans doute pour cela que ses principales annonces, dans le cadre de la campagne des municipales, ont toutes été effectuées dans des lieux exigus. Hier, le candidat socialiste à la mairie de Bordeaux a présenté les 60 membres de sa liste « un grand Bordeaux pour changer d’ère » au Café de la Place, un établissement de Caudéran pas tout à fait assez grand pour accueillir à la fois ses colistiers, les militants et les membres de la presse.

Pourquoi Caudéran, bastion de la droite bordelaise ? « Parce que nous devons nous déployer sur l’ensemble de la ville et que je ne comprends pas que le maire délaisse ce quartier alors qu’il veut une extension du tram vers Saint-Médard », a expliqué le député et président de la CUB.

L’alchimie selon Feltesse
Sur la liste présentée hier, 22 personnes sont issues de la société civile et 38 sont des représentants politiques (27 pour le Parti Socialiste, 9 pour Europe Ecologie-Les Verts, un pour le Mouvement Républicain et Citoyen et un pour le Parti Radical de Gauche). « Une liste, c’est une alchimie subtile, affirme Vincent Feltesse. Il faut l’émergence d’un collectif. Cette liste est faite d’abord pour gagner puis ensuite pour gérer une fois aux affaires. On balaye tout Bordeaux, chaque quartier, chaque profession, toutes les générations, le spectre politique, la société civile.»
Une semaine après que son adversaire, le maire UMP de Bordeaux Alain Juppé, a rendu publique sa propre liste, Vincent Feltesse n’a pas manqué de souligner en quoi son équipe se distinguait de celle de son rival : « j’avais lancé un défi à Alain Juppé. L’enjeu, pour un maire qui est en place depuis une vingtaine d’années, c’est d’avoir une réelle ambition pour sa ville. Quand on a vu son projet il y a quelques jours, ça n’a pas été apparent. Aussi, est-il capable de faire émerger une nouvelle génération de talents ? Quand on voit sa liste, on n’a pas forcément ce sentiment. Notre liste est plus solide que la sienne en terme de représentativité. Nous avons des personnalités qui ont montré leur savoir-faire, ont fait leurs preuves et sont impliquées dans la vie bordelaise. Tous ont un goût pour les choses publiques, ont des valeurs éthiques. Avec notre équipe, notre projet, nous incarnons l’intégralité de Bordeaux. Nous sommes Bordeaux.»

Une « énergie positive »
Sans surprise et comme nous l'annoncions il y a plusieurs semaines, la ministre déléguée aux personnes âgées, Michèle Delaunay, figure en deuxième place sur cette liste. Le conseiller municipal EELV de Bordeaux, Pierre Hurmic, qui a évoqué une « liste à énergie positive », complète le podium. La hiérarchie des autres colistiers ne sera annoncée qu’au moment du dépôt officiel de la liste, au début du mois de mars.
Hier, Vincent Feltesse a présenté son équipe par thème. Il a débuté par Marie-Christine Leconte, une participante au jury des sans-voix, qui elle-même a « pratiqué, de l’autre côté du miroir, la pertinence ou l’absence de pertinence des dispositifs sociaux », et qui représente « ceux que l’on entend pas parler, les SDF, les étrangers.» à ses côtés, Gérard Bodin, un ancien directeur du SAMU social, Olivier Bres, membre du conseil national des politiques de lutte contre les exclusions, ou encore Françoise Jeanson, une ancienne présidente de Médecins du Monde.
Le volet économique est l’apanage de deux entrepreneurs bordelais : Jean-Louis Blouin, fondateur d’I2S, et Gilles Raymond, qui a créé et dirige la société Mobiles Republic.
La culture sera portée par Thomas Bernard, de la galerie Cortex Athletico, Eric Chevance, le fondateur du TNT, et l’auteur de BD Eric Corbeyran. En matière d’éducation, de jeunesse et de recherche, on trouve Bertrand Bloch, professeur-chercheur à la faculté de médecine, Michel Bouchaud, ex-proviseur du lycée Montaigne, ou encore Fabienne Brugère, vice-présidente de l’université Bordeaux-Montaigne. 
En terme de lutte contre les discriminations, Vincent Feltesse a remarqué que « les populations d’origine étrangère sont présentes à Bordeaux mais étrangement absentes de l’actuelle équipe municipale. C’est la seule ville de plus de 100 000 habitants à ne pas avoir d’adjoint à la diversité.» La conseillère régionale Naïma Charaï, l’avocate Isabelle Raffard et l’élu PS Matthieu Rouveyre, ex-président LGBT à Bordeaux, seront en charge de ce dossier.
Afin de « limiter le gaspillage d’argent public et d’articuler ce que font la Ville et la CUB », Louis Daniel, ancien directeur des services fiscaux de la Gironde, et Bernard Blanc, inspecteur divisionnaire des finances publiques, « apporteront leur expertise.» Le volet écologique sera « qualitativement et quantitativement bien représenté », dixit Pierre Hurmic, qui aura à ses côtés huit membres d’EELV, dont Marie Bové, fille de José et conseillère régionale, et les élus bordelais Patrick Papadato et Marie-Claude Noël.
Parmi les membres du PS, on retrouve l’essentiel des élus actuels de l’opposition à la mairie de Bordeaux (Jacques Respaud, Martine Diez, Emmanuelle Ajon) et certaines figures locales comme le Bacalanais Philippe Dorthe.
A 47 jours du premier tour, ce « collectif dynamique et représentatif de ce qu’est Bordeaux » (Feltesse) semble prêt à en découdre. •

Olivier Saint-Faustin

Photo : Vincent Feltesse a choisi le quartier de Caudéran pour présenter ses 60 colistiers en vue de l’élection municipale des 23 et 30 mars prochains © OSF