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Christophe : la voix est libre PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 13 Mars 2014 07:00

Christophe aime Bordeaux et Bordeaux le lui rend bien. Le “Beau Bizarre” est attendu demain au Carré de Saint-Médard-en-Jalles et fin mai au Casino-théâtre Barrière pour sa tournée solo « Intime ». Deux dates entourant la sortie prochaine de l’album live éponyme. Entretien.

 


Plus intime serait difficile : pour cette tournée qui a abouti à deux soirs d’enregistrement au studio Davout, le chanteur balaie tout son répertoire, joue à vif, « sur le fil », sur ce « bel étalon noir qu’il a fallu qu’[il] apprenne à dompter », son piano. Basculant parfois à la guitare ou au synthé, il livre de longs sets épurés, à fleur de peau, où la voix ressort magnifiée et où chaque chanson, chaque tube se livre sous un jour nouveau. L’album à paraître le 31 mars chez Capitol en a retenu 14 titres, d’« Aline » à « Lita » en passant par « Les Mots bleus », « La Petite Fille du soleil », « Paradis perdus » ou « Señorita ». Plus deux reprises, « La Non-demande en mariage » de Brassens et « Alcaline » de son ami Bashung. Unique, magique.



D’où vous est venue cette idée de tournée en solo ?

Tout est parti du piano. Depuis mes débuts, j’ai toujours fait du synthé mais, vous savez, je suis un autodidacte : je jouais plus ou moins de mémoire, à vue, ce qui me permettait de créer mais rarement de reproduire deux fois la même chose. Malgré la couleur très piano de l’album « Aimer ce que nous sommes », j’aurais été incapable d’en rejouer le moindre morceau.

En me mettant à apprendre le piano l’an dernier, je me suis ouvert une porte – sans apprendre “la musique” –, la possibilité de rejouer tout mon répertoire au piano. De le redécouvrir tout en apprenant. Je commence à savoir jouer maintenant, je me suis pas mal amélioré !



Était-ce aussi pour vous une manière de rendre vos chansons encore plus intemporelles ?

Non, ce n’est pas ce que je cherche. Je cherche simplement à prendre du plaisir. Il y avait des morceaux que j’avais vraiment envie de pouvoir rejouer, comme « Lita » ou « Parle-lui de moi ». Ça me permet aussi de changer la tonalité, ou de donner une nouvelle couleur à des chansons du passé un peu kitsch, comme « J’ai entendu la mer ». Chaque chanson, je peux la jouer à ma façon, en lui donnant un côté plus bluesy ou plus pop, par exemple.



Y a-t-il des chansons que vous n’avez pas envie de rejouer ? D’autres qui vous résistent ?

J’essaie tout, à part « L’Italie » que je n’aime pas. Et, oui, il y en a certaines que je ne joue pas encore, comme « Mes Passagères » ou « Le Dernier des Bevilacqua », que je revisiterai quand je serai plus confiant. Vous voyez, il faut que, petit à petit, s’installe un lien avec le piano, que j’en fasse mon instrument.

C’est à cela aussi que sert la scène : le live fait partie de ma façon d’apprendre. Je varie tout le temps les morceaux, j’évolue, je grandis. J’aime l’idée de pouvoir jouer ce que je veux. Peu à peu, avec le piano, je peux improviser. Avec le piano, je suis libre.



Une chose qui impressionne sur l’album « Intime », c’est la façon dont le public part au quart de tour, pas seulement le refrain d’« Aline » mais aussi tous les couplets des « Marionnettes » par exemple. C’est pareil en tournée ?

Les enregistrements au studio étaient devant un public d’invités, une cinquantaine tout au plus. En tout j’ai dû jouer une soixantaine de chansons, la maison de disques n’en a retenu qu’un quart. Ces soirs-là, dans ce lieu-là, il régnait comme une atmosphère de cinéma qui m’a beaucoup porté. Mais, pour répondre à votre question, oui, sur l’« Intime Tour », c’est pareil. En multiplié, en fonction de la taille de la salle. « Les Marionnettes », autant qu’« Aline » ou beaucoup d’autres morceaux des débuts, sont restés très populaires. Elles ont, je crois, un style, pas calculé au départ mais qui fait que les gens ont envie de chanter.

Et puis, au concert, il s’installe toujours comme un jeu entre nous. Quand on est joueur, on va chercher le jeu partout. Être sur scène, c’est un peu un rendez-vous avec l’inconnu. Et, seul sur scène, j’ai un peu l’impression d’être un funambule sur un fil avec la rue à 100 mètres en contrebas. Pourtant, je me sens très à l’aise dans cette position inconfortable. C’est pour cela qu’« Intime » n’est pas un album de concert comme les autres, c’est avant tout le fruit d’une expérience qui dure depuis un an.



Comptez-vous bientôt retourner en studio pour un album original ?

Oui, car c’est surtout ça qui compte pour moi, la création. Je prépare un album qui devrait sortir en janvier 2015. Le piano n’y sera pas autant mis en avant, même s’il m’a apporté dans mon jeu, mon toucher. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il aura la couleur la plus proche de ce que j’ai toujours imaginé. Depuis que je me suis mis au synthé en 1969, je surfe sans cesse sur les nouvelles technologies pour la création de sons. La matière, l’étoffe sonore sont primordiales dans mes albums.

Toutes ces technologies sont très excitantes à manier mais j’ai l’impression que, pendant 20 ans, il y avait comme une stagnation dans ce domaine. Depuis peu, des choses nouvelles apparaissent, développées surtout pour l’univers electro : une évolution qui donne à un mec comme moi la matière pour créer et rêver. Je crois qu’avec ça, je vais obtenir la couleur sonore que je rêve d’atteindre depuis une trentaine d’années.



Vous avez aussi une riche actualité côté cinéma : la BO du film « Arrête ou je continue », et des tournages !

Les BO, j’en ai fait de temps à autre. Je le prends comme un amusement – ça ne demande pas beaucoup de temps – mais je ne le fais que pour des gens chez qui j’admire une sensibilité particulière. C’est pour cela que j’ai dit oui à Sophie Fillières, et je crois que j’ai bien senti le film, la musique me paraît réussie, je suis content de moi.


Les tournages, c’est très différent. Le cinéma me passionne, pas d’un point de vue cinéphile, mais j’aime qu’un film me mette une claque. On m’a souvent proposé des rôles dans des longs-métrages, j’ai toujours refusé. Mais récemment, par respect pour les réalisateurs, j’ai dit oui – en mettant beaucoup de temps – à Yann Le Quellec pour « La Quepa sur la Vilni ! », un moyen-métrage. Le premier rôle de composition de ma vie. Je jouais aux côtés de Bernard Menez, un mec charmant qui m’a bien aidé – j’ai eu de la chance, j’aurais pu tomber sur une tête de con. J’ai appris avec lui, et vu que j’avais encore beaucoup de choses à apprendre. Avec ma timidité, je suis loin d’être un gars à l’aise devant une caméra.

Ensuite j’ai dit oui aussi à Ilan Klipper pour son court « Jukebox », un film sur la dépression. Ça, ça a été dur : tout était tourné en longs plan-séquences, quand on n’est pas rodé ça attaque ! Mais, là encore j’ai accepté à titre expérimental. Ilan voudrait que j’accepte de jouer dans son prochain long mais je ne sais pas si je vais accepter. Je ne suis pas acteur et le long, ça prend beaucoup de temps. Et mon temps, il va avant tout à la création, à la musique.



Une petite dernière : Bordeaux, ça représente quelque chose de particulier pour vous ?

Bordeaux, c’est une ville que je connais et que j’aime, même si, en tournée, on n’a rarement le temps de s’attarder. Mais je l’aime aussi au travers des gens qui y vivent, qui y créent. Vous savez, je suis un inconditionnel de Pierre Molinier, le peintre, écrivain et photographe, que je collectionne et que j’adore. J’ai gardé contact avec sa fille, sans jamais la rencontrer : peut-être viendra-t-elle me voir après le concert si elle lit cet article… • 


Recueilli par Sébastien Le Jeune

Au Carré des Jalles demain vendredi, 20h30, 30€ ; au Casino Barrière le 30 mai, 20h30, 43€

Photo : « Seul sur scène, j’ai un peu l’impression d’être un funambule sur un fil, la rue 100 mètres en contrebas. » © S&So - Thierry Villeneuve

 

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