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Danse : le Sacre et son double PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 20 Mars 2014 11:26

 

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Que faire après Nijinski ? Que faire après Pina ? Fine connaisseuse de l’histoire de la danse et éminente chorégraphe, Dominique Brun y répondra demain au Carré des Jalles avec deux versions du « Sacre du Printemps ». Pour que vive encore la flamme et la mémoire d’un monument.


Cofondatrice du Quatuor Albrecht Knust qui avait travaillé à la recréation de pièces du répertoire historique dans les années 1990-2000, elle s’est beaucoup concentrée sur l’œuvre de Nijinski : un DVD autour de « L’après-midi d’un Faune » (son autre pièce emblématique, sur la musique de Debussy), une recréation du même en Avignon avec Olivier Dubois, puis une recréation d’extraits du « Sacre » pour le film « Coco Chanel & Igor Stravinsky » de Jan Kounen en 2010. « J’invente dans les pas de Nijinski », se plaît-elle à dire.
S’attaquer au « Sacre » est une double gageure. D’abord, il s’en crée en moyenne sept par an (!) depuis les années 1990 – au point que certains chorégraphes comme Carolyn Carlson affirment aujourd’hui n’avoir plus rien à y apporter. Ensuite, chacun brode à sa façon autour de la musique de Stravinsky mais les pas originaux, eux, sont perdus à jamais : il n’existe plus aucune trace de la version créée en 1913 par le “Dieu de la danse”. D’où la double approche choisie par Dominique Brun. D’un côté, une reconstitution historique d’après archives, le « Sacre #2 », de l’autre une interprétation personnelle en complet décalage, le « Sacre #197 ».
Mais, à chaque fois, tout part d’un travail d’archives, « sans être dans le muséal mais pour sortir la danse de son processus de l’oubli, faire vivre une œuvre et lui donner un devenir ». Pour le dernier, créé il y a un an, le point de départ est une série de 14 dessins de Valentine Gross-Hugo, une des rares artistes de l’époque à avoir côtoyé les Ballets russes et à avoir couché sur le papier des traces des costumes et de la chorégraphie du « Sacre » originel. « Des dessins d’une immobilité folle, décrit la chorégraphe, avec tellement à délier entre chaque. J’ai donc fait appel à d’autres chorégraphes pour qu’ils me livrent leur vision, leur façon de sortir d’un dessin, de tourner autour. » En tout, six chorégraphes danseurs se sont prêtés au jeu –  et des grands noms, François Chaignaud, Emmanuelle Huynh, Sylvain Prunenec... – et ont dessiné une œuvre commune, autour de la “danse sacrale” qui avait tant fait scandale alors, la figure récurrente du sacrifice de l’élue, motif central du 2e tableau du « Sacre ». Le tout sur une création originale de Juan Pablo Carreño ne conservant que quelques motifs de Stravinsky, rehaussée sur scène par la chanteuse Isabel Soccoja. En ressort une pièce resserrée, « sombre, crépusculaire ».

« Retour au corps primitif »
Pour le « Sacre #2 », il s’agissait plutôt de revenir aux bases essentielles, aux jalons posés par Nijinski, « sans prétention illusionniste car je sais que je ne retrouverai pas les mouvements du “Sacre” ». Faute de partition, elle s’est tournée vers l’archive, les notes, les « Cahiers » du danseur, et aussi sur la transcription de son « Faune » qui, elle, a été retrouvée (mais pas lorsque la recréation “officielle” par le Joffrey Ballet avait été tentée, à l’Opéra de Paris en 1987). Une sorte de “pierre de Rosette”. « Elle aide à comprendre le geste de Nijinski, pourquoi il avait choqué à l’époque : son rapport au temps, à l’espace, ce retour au corps primitif, les têtes rentrées, épaules hautes, les pieds en rotation interne... »
Tout juste créée au Manège de Reims la semaine dernière, cette pièce pour 34 danseurs complète enfin le diptyque. « Le #2 nous emporte dans son histoire, il impressionne par le nombre de danseurs, et il y a une véritable jubilation rythmique. Je suis quelqu’un qui doute beaucoup mais, là, au final, je suis extrêmement heureuse de la manière dont les deux pièces s’éclairent mutuellement, se nourrissent l’une de l’autre. C’est l’aboutissement d’un long travail que j’ai fait pas tant pour moi mais pour l’Histoire et l’avenir. » •  Sébastien Le Jeune


Vendredi, au Carré (Saint-Médard), 20h30, 23-30€.
Navette gratuite au départ de Ravezies à 19h45.Danse
Le printemps et son double© Marc DomageLe « Sacre #2 » : « Comprendre le geste de Nijinski, pourquoi il avait choqué à l’époque. ». En Une, « #197 »

 

 

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