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CAPC : Suzuki nous entraîne en plein coeur de Londres PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 03 Avril 2014 07:00

Le japonais Tomoaki Suzuki a disséminé une vingtaine de ses sculptures dans la nef du CAPC, des silhouettes réalistes d’hommes et de femmes d’une cinquantaine de centimètres de haut à peine qui tiennent sur leurs pieds. À voir dès demain.


 

À 42 ans, il s’agit de sa première exposition personnelle de cette envergure dans un musée. Et pour cause, depuis 1999, il réalise “seulement” trois à quatre œuvres par an.



« Swag », « fresh », « trendy »

Avant de s’installer à Londres en 1998, Tomoaki Suzuki vivait dans la campagne environnante de Tokyo. C’est au Japon qu’il a étudié la sculpture classique française et italienne. C’est aussi là-bas qu’il a reçu l’enseignement de l’artiste Churyo Sito dont il a retenu deux grands principes : « regarder la réalité telle qu’elle est » et faire en sorte que « les sculptures tiennent debout ». Deux principes qu’il applique encore aujourd’hui et qui résument son approche. 


Lorsqu’il arrive à Londres il y a quinze ans donc, son projet artistique n’existe pas. C’est en faisant l’expérience de cette ville, de son multiculturalisme, de sa dimension, que lui vient l’idée de représenter les hommes et les femmes qu’il observe à ses débuts dans la rue. Ses choix sont guidés par des signes distinctifs extérieurs, un look, une attitude, un style, une appartenance à une tribu, un tatouage, etc. Selon lui, « ces signes racontent quelque chose de la personnalité » et sans doute témoignent-ils aussi d’une époque. « Beaucoup de gens vivant dans les grandes villes arrivent des campagnes voisines. Et le désir d’être cool et d’affirmer son appartenance à son nouveau mode de vie passe souvent par la manière de s’habiller », explique-t-il. 



“Hipsters” somptueux dans le tilleul 

Choisir l’homme ou la femme de la rue et le ou la représenter de manière très réaliste à partir de techniques et de savoir-faire traditionnels, c’est prendre ses distances avec le répertoire usuel des thèmes classiques de la sculpture. Tout faire soi-même ou pour le dire autrement ne rien déléguer de la fabrication, c’est penser l’œuvre comme étant indissociable de sa conception. Or, et pour faire court, l’art et l’artisanat ont fait mauvais ménage en Occident depuis les débuts de l’histoire de l’art moderne.

Là où le travail de Tomoaki Suzuki est intéressant, c’est qu’à travers la dimension « anthropologie des tendances », il s’ancre dans l’histoire de la sculpture tout en utilisant des méthodes et des techniques de fabrication traditionnelles. 



Mallarmé forever

Une fois le modèle choisi, l’artiste le photographie dans son studio. Et c’est à partir de ces images qu’il sculpte la silhouette dans un bloc de tilleul qu’il peut tenir dans ses mains. Elles sont peintes ensuite à l’acrylique. Trois à quatre mois sont nécessaires pour la réalisation d’une seule d’entre elles. Plus le modèle est dévêtu, plus le corps est apparent, les mains hors des poches par exemple, et plus le travail est long. Chaque sculpture n’excède pas une cinquantaine de centimètres. C’est donc à genoux que s’observe ce travail très détaillé. Les sculptures sont disposées de telle sorte « qu’elles ne se regardent pas ». Elles sont seules, hors du groupe. Un peu comme des îles échouées sur le béton vernis de la nef du CAPC. Elles expriment une forme de solitude mais semblent dire que, malgré tout, comme l’écrivait Mallarmé, « séparés on est ensemble ». •

Camille Carrau

Dès demain et jusqu’au 1er juin (sauf lundis et fériés), 11h-18h (20h mercredis), 2,50-5€. Vernissage demain, 19h, entrée libre ; conférence-rencontre avec l’artiste samedi, 15h-18h, 3€. www.capc-bordeaux.fr 
Et toujours, jusqu’au 16 novembre, « Procession », scénographiée par Julie Maroh, entrée libre.

Photo : Une faune urbaine minuscule taillée dans des blocs de tilleul et travaillée avec un sens aigu du détail. © Arthur Péquin

 

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