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bitter sugar, revue nègre douce amère PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 08 Février 2011 21:00
La chorégraphe d’origine antillaise Raphaëlle Delaunay présente au TNBA «Bitter Sugar»,  «revue nègre contemporaine» qui revisite les danses swings de la communauté afro-américaine des années 20-30. Elle y célèbre les corps qui exultent et expriment la fierté d’une communauté maltraitée.

Le point de départ de la création de «Bitter Sugar» est une scène de film (la danse des lindy hoppers dans «Hellzapoppin»). Qu’est-ce qu’elle a éveillé en vous ?
Ce qui m’intéressait c’était de traiter du contexte social et politique, de cette histoire douloureuse du peuple noir sans verser, comme c’est souvent le cas, dans le misérabilisme. Ce swing incroyable, ces danses subversives et joyeuses étaient pour moi une manière élégante, presque détournée mais finalement plus percutante de l’évoquer. Et puis il y a le jazz qui, comme tout courant musical, est intrinsèquement lié au contexte politique et social. «Le jazz est l’âme du peuple noir», disait l’écrivain Francis Marmande. J’aime beaucoup cette phrase.
«Bitter Sugar» est cependant une interprétation très moderne de cet héritage...
Bien sûr, tout l’enjeu était de rendre cela actuel. Ces danses ont existé à une époque où elles étaient nécessaires. Il est intéressant de voir comment cela résonne aujourd’hui. D’ailleurs on perçoit vite les limites, nous ne pouvons plus danser comme elles, leur rapidité d’exécution incroyable... les danses mutent comme les corps. Ce qui me semble pertinent, c’est d’adapter, pour que le patrimoine ne devienne pas mausolée. C’est pour cela que j’ai aussi fait appel à des danseuses hip-hop.
Le hip-hop joue-t-il aujourd’hui le même rôle que les danses noires au temps de la ségrégation?
Je le pense. Aujourd’hui, il tend à s’institutionnaliser, mais au départ c’est aussi un mouvement contestataire. Les danseuses hip-hop de «Bitter Sugar» sont les passeurs de ces traditions et de cette culture. Techniquement, beaucoup de danses hip-hop proviennent de ces danses-là. Mais en fait, on n’invente jamais rien. Les danses swing s’inspiraient elles-mêmes des danses africaines et ont inspiré d’autres danses, comme le fox-trot. Et c’est ce qui m’intéresse quand j’interroge le patrimoine, c’est le retour aux sources.
Vous avez créé «Bitter Sugar» en 2009. Travaillez-vous déjà sur un nouveau projet ?
Oui ! Je présenterai en novembre à Châteauvallon une création inspirée de Michael Jackson. Mais il n’est pas question de l’incarner ou de l’imiter, plutôt d’en voir les résonances. Avec lui on touche à l’icône, au mythe d’Icare, de Narcisse. Mais ce sera un Mickael Jackson très allégorique ! Cela dit, il y a déjà un peu de lui dans Bitter Sugar. • Propos recueillis par SL

Ce soir et jusqu’à vendredi à 20h sur la scène du TnBA.
Réservations : 05.56.33.36.80.•
 

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