Le festival Cinémarges consacré à la trilogie “sexe, genres et identités” commence demain et se prolongera jusqu’au 13 avril – avec un caractère rétrospectif marqué pour cette 15e édition
 comme on s’en apercevra au travers de plusieurs projections de films cultes à ne pas manquer, dont « Tongues Untied » du réalisateur américain Marlon Riggs*.

Mais la sélection de spectacles, de fictions, de documentaires, de performances et de courts-métrages à l’affiche cette année réaffirme la nécessité de donner à voir des formes d’actions artistiques politisées sur ces questions-là et montre combien la période de l’adolescence confrontée à la pression du regard social et familial reste toujours déterminante dans la construction identitaire. Soyez curieux, foncez-y !



On ne naît pas progressiste... 

Le cinéma français en 2013 et 2014 a fait bon ménage avec les questions de sexe, genres et identités. On se souvient du sacre de « La vie d’Adèle » d’Abdellatif Kechiche, Palme d’Or 2013 à Cannes ou encore du triomphe à la cérémonie des Césars de « Guillaume et les garçons à table » de Guillaume Gallienne. Avec ces deux films, les représentations se sont diversifiées et avec elles les questions relatives au désir se sont complexifiées. Mais pour combien de temps ?

Dans la rue et dans les écoles, la réalité s’est avérée sensiblement différente. On se souvient, et c’est d’ailleurs toujours d’actualité, du vif débat sur l’enseignement des questions de genres à l’école. On se souvient également de la pétition lancée fin 2013 demandant le retrait du film « Tomboy », sur le genre et l’enfance, inscrit au programme « École et cinéma », un dispositif qui initie les élèves à la culture cinématographique. Ces derniers temps, donc, le curseur a bougé dans les deux sens. D’un côté vers plus d’“assimilation” et de progrès et, de l’autre, vers plus de conservatisme associée à une parole qui semble s’être libérée, voire décomplexée, sur l’expression du rejet pour dire les choses simplement. 



« Staying Alive » demain samedi à la Manuf’ 

C’est donc dans ce contexte, vite brossé, que se déroule la quinzième édition de Cinémarges. L’affiche est généreuse, et s’ouvre à toutes les formes de la création. Parmi les rendez-vous immanquables, il faudra se rendre à la soirée « Staying Alive » à la Manufacture Atlantique demain soir qui proposera dès 18h30 un retour sur le contexte des années 1980 et 1990 avec notamment l’apparition des premières autoreprésentations queer dans le cinéma underground américain au début des années sida. Il y sera question aussi tout au long de la soirée d’activisme culturel, de déconstruction du genre, de corps, de poésie le tout sous la forme de projections (4€), la pièce « Au bord du gouffre » que Cédric Gourmelon a tirée de l’oeuvre de de David Wojnarowicz, artiste newyorkais emporté par le sida en 1992 (10€), performances et DJ set.

L’ouverture officielle du festival se fera au cinéma l’Utopia le jeudi 10 avril à 20h30 avec la projection du film « Gerontophilia » du réalisateur culte Bruce LaBruce. Un film sur le parcours d’un adolescent à l’esprit libre qui assume son homosexualité et son fétichisme ! 



Le cinéma, art politique 

Outre le documentaire « Hyde and Seek » de l’américaine Su Friedrich projeté à la bibliothèque Mériadeck lundi prochain à 18h30 (gratuit) qui abordera le thème de la naissance du désir et la construction d’une identité lesbienne dans une société où les repères n’existent pas, douze autres films et cinq courts-métrages seront également montrés à l’Utopia. Parmi eux, à noter la très belle fiction « Les rencontres d’après minuit » le dimanche 13 à 18h30 en présence du réalisateur Yan Gonzales, et le documentaire « One Zero One » de Tim Lienhard le même jour à 16h sur la vie de quatre personnages hauts en couleurs et en talons. Sexy et politique. Cinémarges quoi ! •

Camille Carrau

* demain à 18h30 à la Manufacture Atlantique, 4€
Toute la programmation, les horaires, les lieux et les tarifs sur www.cinemarges.net 

Photo : Fétichisme et esprit libre assumés pour « Gerontophilia», le tout dernier Bruce LaBruce © Epicentre Films