Télécharger Bordeaux7

L'édition PDF est mise en ligne tous les matins à partir de 7 heures. Cliquez sur l'image pour télécharger l'édition du jour.

Newsletter

Retrouvez-nous sur :

Facebook
Twitter
Flux RSS

Maupassant, à la folie : "Le Horla" à l'Inox dès ce mardi soir PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 22 Avril 2014 06:00

Excellent bouche à oreille et bonne presse aidant, la compagnie Le Talent Girondin a conquis le public de l’Inox avec son adaptation du « Horla » de Maupassant le mois dernier. Elle y revient dès ce soir pour six dernières représentations. Entretien avec l’interprète de ce solo, Franck Desmedt.


 

Votre compagnie est spécialisée dans la transposition à la scène d’œuvres littéraires. Pourquoi avoir choisi ce texte ?

D’abord, parce qu’il est issu d’un siècle qui me fascine, le XIXe, un grand siècle de découvertes. Avec « Le Horla », Maupassant mettait des mots sur un mal auparavant synonyme d’exclusion ou de possession : la schizophrénie. Et ce, quelques années avant Freud et bien avant que la médecine en fasse un diagnostic formel. Et puis, j’aurais pu choisir d’autres bons textes de l’auteur, mais je suis un grand fan de science-fiction, de Lovecraft… Or « Le Horla » est souvent considéré comme la première œuvre de science-fiction car, en parallèle de la folie, il pose aussi la question de la faible capacité de nos sens à percevoir les choses, et porte en lui le thème du double, de l’autre. 



On y lit en effet « Le règne de l’Homme est terminé »…

Oui, c’est cela qui est formidable : où est le vrai ? Le narrateur est probablement schizophrène, mais le génie de Maupassant est de laisser une grande place au doute, nous renvoyant à nos propres peurs enfantines et laissant la porte ouverte à d’autres interprétations. Le Horla, c’est l’autre, le frère nocturne, le rival, l’extra-terrestre, le personnage qui rentre en nous… 



Un texte pas forcément aisé à adapter…

En effet. C’est écrit comme un journal intime, alors en faire quelque chose de proche d’une lecture aurait été certainement ennuyeux. Avec Yvan Brégeon, le but que nous avons poursuivi dans cette adaptation était de faire s’élever l’œuvre, de l’animer, de lui faire prendre vie 
visuellement. Le texte étant très bien écrit, il s’agissait de faire vivre au spectateur ce qu’il y a entre les lignes.



Sans tout révéler, comment y parvenez-vous ?

Au début de la pièce, je joue comme si Maupassant vous donnait rendez-vous chez lui, à l’intérieur de sa maison. Et au fil de l’histoire, il est perturbé par l’arrivée d’une forme qu’il ne maîtrise pas. 
Pour faire vivre ce thème du double, donner à voir la peur, la rendre palpable, nous avons beaucoup travaillé avec la scénographe Françoise Libier sur des artifices : un gros travail sur les ombres projetées, et aussi de la magie pour renforcer le côté illusion. Est-ce une simple vision de son esprit malade ou l’incursion d’un réel qui nous dépasse ? On donne simplement à voir ce que lui voit.


Le texte est étudié très tôt, au collège. Est-ce à dire que c’est une pièce tout public ?

Non, il ne faut pas la voir trop jeune. 12-13 ans, c’est le minimum. Pas seulement en raison du côté impressionnant – si la folie n’y devient jamais violente, on y voit la dérive d’un homme jusqu’à la décomposition finale. Mais aussi d’un point de vue compréhension : l’œuvre porte un propos sur la fin de l’humanité et une thématique du suicide qui ne sont pas forcément faciles à aborder avec les plus jeunes. •

Recueilli par Sébastien Le Jeune

À l’Inox (2, rue Fernand-Phlippard), dès ce soir et jusqu’à samedi, 20h33, et dimanche à 16h. Tarifs : 16€, réduit 10€ (étudiants, -18 ans, demandeurs d’emploi...). Réservations au Kiosque Culture, au 05 56 79 39 56 et sur place à partir de 14h. Facebook : Le Talent Girondin.

Photo : Le Horla, vue d’un esprit dérangé ou « l’autre, le frère nocturne, le rival, l’extra-terrestre » ? © Le Talent Girondin

 

La Une du jour

Newsletter

Copyright © 2024 CNEWS Matin Bordeaux7. Tous droits réservés.