Avant de fermer ses portes en juin, la galerie Ilka Bree prête ses espaces au collectif La Mobylette et son exposition « Comme as you are » réunissant les travaux de vingt-quatre plasticiens. Vernissage ce soir à 18h30.


Commercialiser le travail d’un artiste est une aventure risquée. Le marché de l’art contemporain n’est pas ici. Il est essentiellement à Paris. D’ailleurs, les plus pessimistes diront que c’est une aventure perdue d’avance. La démonstration est presque faite si l’on s’attarde sur l’histoire des galeries d’art dans cette ville depuis le milieu des années 1970. Très peu ont tenu le coup. En 2013, la célébration du 40e anniversaire du Troisième Oeil, un record de longévité, était l’exception qui confirme la règle.


La galerie Ilka Bree a ouvert ses portes en 2005 au 7, rue Cornac, aux Chartrons. La proximité avec le CAPC était stratégique. C’était la promesse de voir venir aux vernissages un public d’amateurs, le directeur du musée, les artistes de passage, la presse... Et dans ce sillage, entraîner les collectionneurs à pousser la porte. Lors de la première exposition, « AUTOmobilisé », tout le sérail de l’art contemporain s’était déplacé. Et pour cause, outre l’effet de “la nouveauté”, de grands noms se trouvaient au générique de cet événement. On se souvient encore du « pneu fontaine » doré à la feuille d’or de la Genevoise Sylvie Fleury. 


Depuis sa création, Ilka Bree, originaire de Berlin et fondatrice de la galerie, a accompagné et défendu le travail de jeunes plasticiens (certains sortant à peine de l’école des Beaux-Arts, d’autres y étant encore inscrits à l’instar de l’Allemande Lilly Lulay) et d’artistes internationaux accueillis aussi bien dans les musées que dans les plus grandes foires d’art contemporain (de l’Israélienne Anat Shalev en 2005 à l’Allemand Christoph Keller récemment en passant par la Française Caroline Molusson ou le photographe ukrainien Boris Mikhailov en 2011). La galeriste ferme ce lieu, mais conserve son activité. Elle n’exclut pas d’ouvrir un autre espace. Peut-être à Berlin. Peut-être en s’associant à une autre galerie. Rien n’est fixé. La plupart de ses collectionneurs sont à l’étranger, explique-t-elle. 


Elle s’est demandée comment mettre un terme à ce projet. Elle a choisi de prêter le local au collectif d’artistes La Mobylette installé à Bordeaux. Une sorte de carte blanche. L’exposition collective « Comme as you are » rassemblant quelque 24 artistes offre un état des lieux généreux et sans thématique de la création à Bordeaux. Ce n’est ni un hommage à l’histoire de la galerie, ni une de ses expositions. C’est un événement dédié au travail des artistes. Un rôle qu’a endossé la galerie durant ces neuf dernières années. •

Camille Carrau 


Jusqu’au 15 mai, sauf lundis de 14h à 19h, entrée libre.
www.galerie-ilkabree.com et www.lamobylette.org 

Photo : 24 artistes en tout, et pas de Mobylette sans Guédon, Gaël de son prénom. Ici « Sans titre » (détail). © Gaël Guédon