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Comment ça, ridicule ? PDF Imprimer Envoyer
Lundi, 12 Mai 2014 10:49

Le ridicule ne tue pas, c’est bien connu – au contraire, il peut même être une redoutable arme de communication. N’ayant froid ni aux yeux, ni ailleurs, Jean Mourière, comédien et metteur en scène de « On est tous portés sur la question » actuellement aux Salinières, a osé le flyer qui fait parler. 


 

Dire qu’il fait jaser serait beaucoup dire, mais force est de reconnaître que le tract distribué dans des lieux choisis a fait son petit effet. Car si l’affiche de cette comédie à succès parisienne se borne à une “sage” banane derrière le Q de “question”, le flyer, lui, est nettement plus explicite : « Je suis déguisé en b... [phallus, ndlr], n’ayons pas peur des mots, en rit Jean Mourière. Malgré un an de carton à Paris, cinq auteurs de renom, les médias ont été assez frileux pour en parler. Or il faut appeler un chat un chat : c’est une pièce sur le sexe, un thème universel, un thème de théâtre par excellence depuis des siècles, du cocu de Feydeau au déguisement de spermatozoïde de Woody Allen pour prendre quelques exemples du siècle dernier. » 



« Cru, jamais vulgaire »


Surtout, son déguisement à lui, un fort seyant service trois-pièces en érection, n’est pas là juste histoire d’appâter le chaland, c’est bien l’un des costumes qu’il porte sur scène. Le spectacle, en effet, est composé de quatre courtes pièces signées de pointures du boulevard – Azzopardi et Danino, Hervé Devolder, Carole Greep et enfin Clément Michel –, abordant la fameuse question chacun à leur manière... et sans détour. Ici une psy qui veut décoincer un couple de patients en les forçant à parler crûment, là une femme vendant sa maison prise d’une crise de lapsus devant ses acheteurs, plus tard une répétition du tournage de la première comédie musicale X, enfin ce couple homme-femme aux rôles et à la libido brouillés sauvés par l’entrée en scène de leurs organes génitaux respectifs – d’où le fameux costume prêté à Jean Mourière par l’équipe parisienne ! 
« Oui, c’est cru mais jamais vulgaire, insiste l’acteur-metteur en scène. À en juger par le public venu voir les deux premières, ça peut être vu par des gens de 17 à 77 ans. Parce que le texte n’est jamais bêtement grivois, parce qu’on a pris soin dans l’habillage, dans les codes de jeu, dans la mise en scène, de ne jamais tomber dans le graveleux. »
Son idée de flyer a payé, en tout cas – lui qui redoutait un bide a eu la bonne surprise d’exploser la moyenne des entrées sur ce difficile créneau des pièces du mardi-mercredi. « Et le bouche à oreille fonctionne déjà bien pour la suite : beaucoup de nos abonnés recommandent la pièce en disant qu’on en entend de bien pires à la télé ! » Quant à la peur du ridicule, Mourière en a pris son parti avec le sourire : « C’est du rire bon enfant, et je m’attendais à être moqué et traité de “tête de gland”. » •

Sébastien Le Jeune

Photo : Jean Mourière (ici avec Christelle Jean) a osé un accoutrement phallique sur des flyers. © Daniel Dicharry

 

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