Regard 9 : Alfred, l’Italie à fleur de peau |
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Lundi, 19 Mai 2014 06:00 |
C’est parti pour une quinzaine d’expositions et de créations autour de la bande dessinée avec le festival Regard 9 (ex-Bord’images) de l’association 9-33. Auteur invité de cette édition, Alfred, Fauve d’Or 2014 à Angoulême avec son album « Come Prima », nous fait la visite en avant-première de l’exposition centrale, « Italiques », à l’Espace Saint-Rémi.
Déjà très personnel, «Come Prima» était l’album du rebond, du renouveau grâce à un retour à ses racines italiennes (notre édition du 5 février). Avec ces centaines de dessins inédits, Alfred se livre véritablement sur un mode intime, presqu’encore fragile. Sitôt passé la porte, le passage entre deux fresques vénitiennes et au travers d’un rideau sur lequel s’anime un imposant Vésuve, le centre de la nef déroule une fresque circulaire unissant les trois Italie, les trois univers qui ont façonné l’auteur : les Cinque Terre – petite région du nord-ouest, près de Gènes –, Venise et Naples. « Ma naissance, ma vie et ma mort », résume-t-il. Naples, où commence la visite. Naples ville frénétique, où il débarquait pour une résidence « au moment où j’allais le plus mal ». « Cette ville a fini de m’achever. Son grouillement me pompait ce qui me restait d’énergie. J’y ai connu le plus bas où je pouvais descendre, et c’est aussi grâce à ça que je suis remonté. Je lui dois ça. » Pour autant, il ne la montre pas de manière sinistre, loin de là. Des petits formats « zen » et colorés, des techniques assez uniques, sans lever le crayon, des jeux de surimpression. La majesté de ses statues dominant le chaos, celle du vénéré Vésuve. L’oeil rieur d’un Pulcinella, le truculent Napolitain de la Commedia dell’Arte – un clin d’oeil à son père comédien. Plus resserrée, la partie Cinque Terre, où il a ses souvenirs d’enfance, est dépeinte « par l’enfant de 6 ans que j’étais ». 105 “polaroïds” au feutre, avec leurs ratés, leurs cadrages approximatifs, leurs sujets plus ou moins pertinents – « mon grand-père, des orangers, la mer... mes pieds », sourit-il. « Une photographie nostalgique. » Touchante. Enfin, la partie vénitienne, où il a vécu lors des jeunes années de sa fille. Venise et ses touristes sur paquebot. Venise, ses ponts tous les 20 mètres et ses aqua alta, de l’eau jusqu’au mollet. Venise, ses lumières et ses perspectives changeantes. Venise la ville-théâtre, bâtie sur une forêt retournée. « Et cette énergie magique et chargée de mystère, l’ésotérisme, les loges secrètes, les présences oniriques quand tombe la nuit... C’est ce qui m’a le plus fasciné. » Fascinant, l’espace final, le “labyrinthe”, révélant son secret dans l’obscurité.
Créations entre amis
Sébastien Le Jeune Au 4, rue Jouannet, tous les jours de 11h à 19h jusqu’au 1er juin. Entrée libre.
Photo : Des Cinque Terre à Naples en passant par Venise, Alfred dépeint l’Italie, ses Italies, de manière très personnelle et avec un vaste éventail de techniques. © SLJ |